Les Celtes de l’antiquité se détournaient des cités pour chercher le reflet de la divinité sous les frondaisons des chênes. Renouant avec cette attitude, Bernard Rio s’est interrogé sur les mythes et les légendes qui fondent la culture occidentale, il perçoit la forêt comme un lieu d’ensauvagement et d’enseignement. La forêt au milieu du monde et l’arbre au milieu de la forêt comme symbole de l’axis mundi, telle est l’idée maîtresse de cette immersion dans les traditions populaires, les romans médiévaux ou les chantiers archéologiques. C’est à la forêt, premier et dernier temple de la divinité, que les peuples d’Europe doivent leur héritage et leur devenir. Aller dans la forêt et se percher dans l’arbre de vie, pour y apprendre l’histoire et bâtir le monde de demain, telle est la leçon conjuguée de Merlin, de Bernard de Clairvaux et de François-René de Chateaubriand !
« Le prosélyte chrétien était assimilé au colonisateur romain… Et inversement, le païen était perçu comme un barbare, un sauvage, un enfant de la forêt là où le légionnaire romain et le missionnaire chrétien ne pouvaient appliquer leur loi. Ce serait dans cette marge sylvestre qu'il conviendrait de chercher les indices des anciens temps… Milieu vivant et couvert, la forêt a longtemps échappé au concept cartésien de l’horizon inerte. Dépositaire d’un passé primitif, cet espace aurait, en quelque sorte, abrité et prolongé le mystère et la magie opérative des anciens dieux. »
Bernard Rio est journaliste et écrivain. Auteur d’une soixantaine d’ouvrages, il a notamment collaboré au « Dictionnaire critique de l’ésotérisme » (PUF) et publié « Voyage dans l’au-delà, les Bretons et la Mort », « Le cul bénit, amour sacré et passions profanes », « Le livre des saints bretons » et « 1200 lieux de légende en Bretagne ».