Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le Monde des Religions bis

Les lectures de Michel Cazenave

Un amour cosmogonique. 

Du sexe, nous avons souvent fait, dans notre culture, un objet de « gauloiseries » (mais n’était-ce pas méconnaître ce que nos très lointains ancêtres entendaient de ce pouvoir ?), et l’évocation de nos désirs les plus obscènes. 

Devons-nous pourtant en demeurer à cette position, et ne pas chercher ce que pouvaient signifier, autrefois, ces cérémonies à une divinité ityphallique – que ce fût par exemple avec le dieu Min en Egypte, ou encore dans la Grèce la plus classique ? En se rappelant bien qu’il s’agissait de cérémonies religieuses … 

Or, c’est bien à un tel travail que s’est livré Bernard Rio, spécialement dans la région où l’on se serait le moins attendu à ce genre de réflexion : l’ensemble du monde celtique, et particulièrement breton, où l’on sait comme le christianisme le plus traditionnel a imprimé sa marque. 

Et les résultats en sont étonnants : comme l’on savait déjà que c’était aux chapiteaux d’églises que l’on trouvait en Grande Bretagne des représentations de sheela-na-gig, c’est-à-dire de ces figures féminines qui offrent au regard toute l’interrogation de leurs vulves qu’elle ouvrent béantes de leurs mains, on découvre que bien des images sexuelles nous ont été transmises dans ces lieux de culte d’où l’on aurait pu croire qu’elles avaient été définitivement bannies. 

Et, du coup, l’auteur est obligé de remonter jusqu’aux profondeurs de notre héritage indo-européen, et parfois même encore plus : jusqu’à des croyances du néo, pour ne pas dire du paléolithique, pour comprendre de quoi il est réellement question. 

Et l’on prend alors conscience comme le sexe était d’abord conçu en ces époques comme une force cosmogonique - et que s’y livrer en revenait d’abord, d’une certaine manière, à s’inscrire dans la plus profonde harmonie de l’univers… Comment comprendre autrement tant de représentations qui ont survécu à la grande « pudeur » de l’Occident et la présence « obsédante » de phallus et de vulves qui nous parlent d’abord de l’ordre supra-humain dans lequel nous nous inscrivons ? Comment comprendre (au delà de tous les arrangements que nous en avions faits ?), la passion physique de Tristan pour la reine Iseut, ou que, jusque dans La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils (et quels que fussent les a priori idéologiques de ce dernier), on ne puisse renoncer à la fascination du sexe qu’après l’avoir totalement vécu avec une demi-mondaine ? 

Ainsi, appuyé sur une réflexion savante et sur tant de photographies exécutées là où, souvent, on s’y serait le moins attendu, nous introduisant à un tout autre rapport au 

monde que celui auquel nous sommes habitués, Bernard Rio nous force-t-il à nous repenser et à revisiter un domaine dont nous croyions, à tort, tout savoir. 

Bernard Rio, Le cul bénit/Amour sacré et passions profanes, édité par Coop Breizh, et abondamment illustré, 191 pages,25 euros. 

Les commentaires sont fermés.