Chronique de Jean-François Guerry sur le blog :
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L’imagination de Bernard Rio est celle de l’homme qui ne raisonne pas, elle est donc infinie pour notre bonheur. Ses pèlerinages sont multiples, de sa Bretagne natale mythique à l’Irlande il n’y a qu’un pas au-dessus de la mor, rejetant les certitudes d’une société scientiste, d’une pensée unique, mécanique, il ancre ses rêves dans la Celtitude, il en connaît tous les rois et les reines. Des brumes d’Irlande il fait surgir des personnages qui ne sont que des masques de nous-mêmes, il nous permet de sortir de la nuit, de notre sommeil, de réaliser nos rêves, d’être autre, d’être soi.
Bernard Rio se pose comme un guide, un ethnologue de l’âme, de cette âme personnelle et collective, retrouvée à travers des traditions restées authentiques à travers l’espace et le temps, dans cette île de résistants et de menteurs assaillie par la modernisation. Il observe chaque lieu, chaque personne qui sont autant de symboles de cette résistance vivante, ainsi les vies deviennent des légendes, chacun se saisit de son masque.
Dans un style fluide, il nous fait courir sur les landes, marcher le long des rivières, dans cette nature, dans cette terre dépeuplée, les hommes sont partis construire l’Amérique, leur Amérique, jetés en dehors de chez eux par la pauvreté et la faim. Ils ont quitté cette terre qui les colore en roux et fait briller leurs yeux verts, cette terre où leurs mensonges sont autant de portes ouvertes vers la Vérité.
Bernard Rio nous invite à jeter le masque ordinaire, pour se revêtir d’un autre masque, celui de nos rêves, se régénérer dans une autre vie, notre vie vraie.
Le suivre, s’est s’affranchir, du temps linéaire, du temps historique, qui nous emprisonne dans un monde qui devient « irréel », un monde urbanisé, préfabriqué, bétonné de certitudes
Il nous montre simplement en levant le voile mis sous nos yeux, la nature qui nous entoure, il nous met à notre place dans le cosmos.
C’est la deuxième que ce chercheur de mystères, choisit d’écrire sous la forme romanesque, une belle manière en cette fin d’été brûlant, de quitter le sable et ses châteaux, pour découvrir son masque, devenir un héros ordinaire dans un monde plus humain, de retrouver l’amour de l’autre.
EXTRAITS :
Le jour n’est pas le contraire de la nuit où les dormeurs rêvent de l’invisible,(…)Le pays derrière les collines est en dehors des mots. Les hommes sans imagination ne nous connaissent pas…
L’homme intelligent « pucé » et content de lui, réduisait son champ d’expérimentation au visible, n’imaginant pas la force inspiratrice du rêve éveillé. Il pensait réfléchir le jour et dormir la nuit. (…) Il ne faisait que s’agiter superficiellement du matin au soir et contrarier son être intérieur (…) Il bridait son âme (…) C’était sa façon de vivre, esclave des maîtres de la consommation. Il n’était rien et croyait avoir tout ce que son ventre réclamait.
Le bien et le mal signifiaient la dépendance de l’homme ayant peur du vide. La contradiction du matériel et du spirituel imposait l’imperfection et l’ignorance.
Elle était la souveraine du Midhe, le royaume du milieu.
Que vous ai-je appris qui n’était pas enfoui en vous ?
Vous m’avez réveillée d’un long endormissement.
L’amour est une mutation. Il procède d’un processus similaire au cycle de l’eau.
L’Irlande est le pays des pluies, des sources, des rivières et des lacs. L’Irlande est la porte du ciel, au milieu de la mer.
Par le pouvoir du chant, il n’y eut ni clôture de barbelés, ni route de bitume, ni voie ferrée, ni lignes électriques entre le monde d’en bas et le monde d’en haut.
La malédiction de l’homme qui ne savait pas aimer fut levée, un jour d’été (…)
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