Marcher selon Bernard Rio... lu par Yves Daniel
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“Marcher selon Bernard Rio” : un livre qui vous déconfine sans attendre le 11 mai…
Grâce aux livres de Bernard Rio, particulièrement le dernier en date, nous pouvons, dès maintenant, préparer le « déconfinement » avant qu’il ne soit officiellement promulgué.
Les Editions Muséo, 34230 Plaissan, – dans la vallée de l’Hérault, entre mer et montagne, à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest de Montpellier -, ont eu l’excellente idée de lui confier le soin de conjuguer, au sein de leur collection « Paradisier », après les verbes « habiter », « lutter », « soigner » et « aimer », celui de « marcher »… nous y voilà !
L’édition papier se fait attendre (disponible en juin), mais l’édition numérique est d’ores et déjà disponible sur le site :
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Mais vite nous redescendrons pour pénétrer de nouveau sous les frondaisons de la forêt primaire, celle d’avant les défrichements où vivent l’enchanteur Merlin et le fol Eon de l’Etoile, cher à l’abbé Stéphane Torquéau, son dernier biographe aux Editions Ar Gedour, avant de remonter sur la montagne de la Sainte Victoire admirer le spectacle qui fascinait tant Paul Cézanne et son ami Emile Zola qui n’en a rien dit.
En ville, le marcheur s’appelle « piéton » et prospère surtout le dimanche après-midi, quand les véhicules restent au parking et que le temps demeure… comme suspendu ; le citadin, « l’homme de la rue », reste toutefois « paradoxalement, plus casanier que le rural ».
Un temps nantais, Bernard Rio sait de quoi il parle : avant de parcourir les campagnes lanvaudanaise et d’ailleurs, il a fait son apprentissage de marcheur au fil des boulevards, avenues et rues entre Canclaux et Trentemoult, sur les bords de la Loire, la sacoche du préposé des PTT qu’il remplaçait les mois d’été, en bandoulière.
Je le soupçonne aussi d’avoir arpenté de nuit les rues de Nantes, comme Nicolas Restif de la Bretonne (1734-1806) celles du Paris d’avant la Révolution.
A l’instar de son prédécesseur anglais, Robert-Louis Stevenson (1850-1894) Bernard Rio nous fait préférer, à défaut de la compagnie d’un âne, la marche individuelle, solitaire, ce qui constitue une excellente et sage recommandation en période post pandémique.
Et voilà qu’au fil des pages, à la suite de notre mentor, nous ne comptons plus en kilomètres parcourus mais en temps passé : celui qui nous reste avant la prochaine halte, l’étape du chapitre, aux marches de l’éternité…
Ah … l’éternel rivalité entre les nomades et les sédentaires qui structure l’histoire humaine depuis Caïn, le cultivateur et Abel, l’éleveur dont Yahvé préférait les sacrifices (Gn 4, 1-17)
Mais comme l’a si bien chanté avec « la douceur angevine » Joachim du Bellay (1522-1560) – autre grand voyageur – dans un fameux sonnet à propos d’Ulysse et de Jason (Regrets XXXI) : le bonheur ne vient pas uniquement du « beau voyage » de l’un, sur le retour à Ithaque, mais de celui de l’autre qui, la toison d’or conquise, s’en est retourné, « plein d’usage et de raison, vivre entre ses parents le reste de son âge »
C’est, autrement dites, les paroles de l’autre nantais cité par l’auteur, « à la fois inventeur, explorateur et voyageur » : Jules Verne.
« On n’est pas bien ici ? » demande le nomade à son voisin sédentaire. « Tu sais mieux que moi puisque tu reviens ! … » Patrick de Kergaës connaît bien son Bernard, et réciproquement.
Il y avait avec Moïse, l’Exode, un des 5 livres du pentateuque de la Bible, l’Odyssée d’Homère qui raconte l’exode d’Ulysse et l’Enéide de Virgile, dont Joachim du bellay traduira le IV° livre, celui consacré à la reine Didon, qui relate l’odyssée d’Enée. Il y a maintenant « marcher » de Bernard Rio, en heureuse synthèse.
Souhaitons que Bernard Rio, « marcheur » en « gilet jaune », soucieux de sa sécurité mentale comme de la nôtre, continue de marcher « à son pas sans emboîter celui des autres » et, « glaneur dans la nature ou flâneur au marché », tel Henri Vincenot (1912-1985), de rédiger « à la billebaude ».
« Marcher selon Bernard Rio », Editions Muséo, 34230 Plaissan, collection « Paradisier », avril 2020, 170 pages, 14,50 € (édition numérique : 5,95 €).