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Bernard Rio - Page 16

  • Le cul bénit : amour sacré, passions profanes, Bernard Rio

    Le cul bénit : amour sacré et passions profanes

    Bernard Rio, préface Michel Maffesoli, édition Coop Breizh

    Parution le 7 décembre 2013 et présentation à la librairie Coop Breizh, rue Elie Fréron à Quiimper (29)

     

    Préface de Michel Maffesoli

    Des penseurs comme Nietzsche ont rendu attentif à cette « magie des extrêmes ». Manière, pour lui, de renverser les barrières établies par la bêtise philistine. Mais également force agissante d’une sagesse humaine fondée sur l’acceptation de ce qui était considéré comme le Mal. L’intérêt du livre de Bernard Rio est de montrer que , sur la longue durée, et fortement enracinée dans la vie quotidienne, ce que le moralisme "bien-pensant" nomme excès est au fondement même de tout vivre-ensemble. Telle est bien l’essentielle "leçon" que nous donne  LE CUL BÉNIT !

    G. Bataille , dans toute son œuvre, a montré la puissance de «la « dépense » dans la constitution de l’homme souverain. Cet « homme du surcroît » qui ne s’accommode pas des petitesses comptables. Sans oublier G. Deleuze : « nous nous servons de l’excédent pour inventer de nouvelles formes de vie ». Même si cela n’est pas conscientisé ou verbalisé en tant que tel, c’est bien ce souci d’un qualitatif qui semble prévaloir dans la vie de tous les jours. Créer sa vie, créer dans sa vie. Jouir au présent de ce qui est donné à vivre. Voilà bien la sensibilité à l’œuvre dans l’élaboration de ces « lois » particulières, officieuses, souterraines mais dont l’efficace est, de plus en plus, évident.C’est bien ce que résume l’auteur lorsqu’il declare : “ l’amour charnel peut aussi s’avérer sprirituel”

    J’ai parlé, pour ma part, d’une « éthique de l’esthétique » comme un écho diffus au panache du Cyrano d' E. Rostand : « c’est bien plus beau lorsque c’est inutile ». Inutilité ambiante. Voilà bien quel pourrait être le modus operandi d’un monde que l’on n’entend plus dominer, mais dont on veut, tant bien que mal, jouir. Avec érudition et humour, B.Rio nous fait “déambuler dans les champ mégalithiques ou les chapelles” à la recherche de cette nécessaire inutilité ciment ( ethos) de tout socialité

     Ainsi que le remarquait le sage Montaigne : « les hommes aux faits qu’on leur propose s’amusent plus volontiers à en chercher la raison qu’à en chercher la vérité. Ils laissent là les choses et s’amusent à en traiter les causes » (III, 13). Avec une gradation judicieuse : "Préhistoire amoureuse", "Les Sirènes de l’amour", "Un culte pas catholique", "Le langage du corps", ce livre nous permet de rester aux choses mêmes. En ne les maltraitant pas, ne les surplombant pas, il souligne le désengagement radical vis-à-vis de l’utilitarisme du moralisme marchand.Ce qui est nommé une "juxtaposition des symboles" montre bien cette intemporelle “quête du Graal” suscité par la nostalgie de ce que je nomme  "ordo amoris".

    Par ce que B.Rio nomme "Le beau Dieu", on entre dans une "connaissance progressive" de la déité. Ainsi   l’homme peut comprendre l’ordre divin, "le contempler et contribuer à l’harmonie universelle". Ce qui renvoie à un être englobant : celui de la raison et du sensible. En d’autres termes autant la recherche de l’au-delà, d’une essence des choses a pu être le fondement d’une vision morale du monde, autant l’éthique mettra l’accent sur l’existence en ce qu’elle a d’impulsif, d’instinctuel, de pré-conscient, en bref de jouissance animale. Forme primaire ! Elan vital

    Le lecteur suivra, avec délice existentiel et intérêt de connaissance, la déambulation que propose B.Rio au travers de ces lieux saints dont il connaît la vraie signification: celle du symbole constitutive d’un éternel inconscient collectif . Ainsi l’on entrera , progressivement, dans une conception cosmogonique qu’exprime le lieu saint qui est, comme le dit bellement l’auteur « le milieu du monde… centre de communication entre le plan terrestre et le plan céleste ». Organicité du matériel et du spirituel, du bien et du mal, en un centre de l’union enrichi des contraires.

     

     

    Michel Maffesoli

    Professeur à la Sorbonne

    Institut universitaire de France

    Administrateur du CNRS

     

     

    Sommaire

    Préface Michel Maffesoli

    Introduction

    I Préhistoire amoureuse

    La grande Déesse

    Le bon Dieu

    Fuseau et quenouille

    De chair et de pierre

    Vénus au bain

    Cupidon, Éros et Guernichon

    II Les sirènes de l’amour

    Femmes à la fontaine

    Aux sources de l’amour

    Le pied du saint et la fille épinglée

    La fée et la sirène

    L’être et le paraître

    Le peigne et le miroir

    Belle de mer

    Centaure lubrique

    III Un culte pas catholique

    Scheela

    Mauvaise fille et Notre-Dame

    Sein et sainte

    Les trois seins de Gwenn

    Cul nu

    IV Le langage du corps

    Le sexe des anges

    Baiser et embrasser

    Le péché de chair

    Le chant des grenouilles

    L’évangile des quenouilles

    Le principe du mâle

    Le chien, l’androgyne et le satyre

    Le règne du petangueule, du chieur et du lèche-cul

    Un monde de fous

    Les danseurs endiablés

    Conclusion

    Lexique/Glossaire

    Index géographique

    Index des noms propres

    Index thématique

    Bibliographie

     

     

    Introduction Bernard Rio

    Le cul-bénit associe la partie cachée du corps et l’esprit bien pensant. Cet oxymore qui acoquine la chose dont il ne faudrait pas parler et la morale qu’il faudrait suivre, joue avec les mots et les concepts, en juxtaposant le derrière de l’homme et la vitrine de la religion, l’image de l’un et l’imagination de l’autre permutant aisément !

     

     

    Le cul-bénit : ces deux mots qui désignent à l’origine le paroissien si confit de dévotion qu’il en oublierait l’œuvre de chair, ce bon mot et ce gros mot qui ne vont prétendument pas ensemble, ce mot qui place les idées sous la ceinture et cet autre qui élève l’esprit, cette expression improbable, tout cela se révèle finalement pertinent pour évoquer ce que chacun peut voir ou ne veut pas voir, ce qui est caché et ignoré dans la nature et dans l’architecture, dans le cœur de l’homme et dans l’âme du monde, dans le microcosme et le macrocosme.

    En visitant les sanctuaires bretons, je sentais confusément qu’il existait une cohérence entre le lieu et l’esprit du lieu, entre la forme et la fonction. Je pressentais que l’image licencieuse ne se réduisait pas à une vulgaire exhibition. J’en ai cherché la clé dans les livres et les bibliothèques, accumulant les traités d’art sacré et effeuillant les ouvrages érotiques, ouvrant les portes des chapelles et papillonnant sur les blogs coquins. La quête fut souvent vaine, tant dans les discours orthodoxes des docteurs de l’art chrétien que dans les propos superficiels des jouisseurs. La porte s’entrouvrit une première fois en lisant la topographie légendaire de Claude Gaignebet et de Jean-Dominique Lajoux, en particulier leurs interprétations symboliques de la chapelle de Berzé-la-Ville (71) et de l’église de Commensacq (40). L’ethnologue et mythologue Claude Gaignebet redonnait du sens en raccordant l’architecture, le paysage, le calendrier, l’étymologie, le folklore et la mythologie. Il dépassait en les amplifiant les travaux d’Arnold van Gennep et Henri Dontenville. « Un site constitue, selon nous, une sorte de réseau qui, à partir des toponymes, relie les vestiges archéologiques, les fêtes calendaires, les monuments et les œuvres d’art sacré. Dans la plupart des cas, le travail de reconstitution d’un paysage mythique cohérent est aléatoire et les chaînons manquent » (Claude Gaignebet et Jean-Dominique Lajoux, « Art profane et religion populaire au Moyen-Âge » Presses universitaires de France, 1985).  En parcourant le réseau de la Bretagne sacrée, je me suis à mon tour évertué à relier les lieux et les rites. Mes yeux se décillaient, toutefois la matière qui s’offrait à mon regard demeurait hermétique, complexe, voire contradictoire et incompréhensible.

    C’est hors d’Europe et hors du champ moderne que j’eus le déclic. Je dois à Alain Daniélou de m’avoir ouvert la porte invisible. Claude Gaignebet m’avait apporté une hauteur et une amplitude de vue qui me permettaient d’englober un site, Alain Daniélou m’offrait la pratique religieuse. C’est en lisant les premières lignes de l’ouvrage qu’il consacra en 1977 au temple hindou, que je compris la nécessité de changer mon regard sur le sanctuaire breton et son décor pour les appréhender et les apprécier pour ce qu’ils devaient être. « Le temple hindou n’est pas un lieu de réunion où s’assemblent les fidèles. C’est, dans un endroit choisi pour des raisons magiques, un édifice construit dans le but de capter des influences subtiles. C’est un centre magnétique grâce auquel des prêtres, magiciens qualifiés, vont pouvoir au moyen de rites évoquer la présence réelle d’une divinité. C’est donc un centre de communication entre deux mondes qui se côtoient et s’entremêlent et pourtant s’ignorent, un peu comme un récepteur de radio permet de capter et de révéler des ondes partout présentes mais non perçues », écrit Alain Daniélou (Alain Daniélou, « Le-Temple-Hindou » éditions Buchet-Chastel, 1977). Certes le clergé séculier breton n’est plus depuis belle lurette composé de magiciens qualifiés, mais constitué d’animateurs sociaux plus ou moins motivés et moins que plus cultivés. À défaut des prêtres épris de spiritualité, il subsiste les lieux dont chacun peut chercher le sens. Chacun voit selon son degré de conscience.

    Le point de vue d’Alain Daniélou induit que le sanctuaire est une continuité du monde divin et qu’il existe « une interdépendance absolue entre ces divers aspects de ce que nous appelons l’existence, la réalité ». Partant de ce principe, j’ai adapté au sanctuaire breton les règles du temple hindou en revoyant les formes, les orientations, les dimensions, les dédicaces, le calendrier et les rites qui font de ces lieux des centres d’énergie. La présence d’une sculpture sur un chapiteau roman ou sur une sablière de la Renaissance opère dès lors que l’homme déambule dans le bon sens et élève son esprit en corollaire à son regard. A contrario, regarder sans conscience et à contresens un personnage ithyphallique ou une « sheela na gig » peut induire un basculement, une inversion, une aversion ou un envoûtement.

    Supposer que le phallus ou la vulve exposés au vu et au su de tous est un divertissement d’artisan ou une représentation du péché, c’est méconnaître la structure du sanctuaire et la pensée traditionnelle.

    Le décor n’est pas anodin. De même que les astres influent sur le règne végétal et le règne minéral, il existerait des relations subtiles entre les règnes animal, végétal et humain. Au temple et à son décor correspondraient l’homme, ses organes et ses humeurs. Le sanctuaire breton posséderait l’équivalent des chakras hindous, des seuils pour sentir et percevoir une autre dimension.

    Résultat de longues années d’errance et de tâtonnement, puis de réflexion sur le sexe et la religion, cette étude induit des retrouvailles. L’erreur serait en effet de séparer le profane et le sacré, de disqualifier l’un pour célébrer l’autre car le sujet n’est pas frivole et l’exhibition d’un cul n’aiguise pas seulement les sens physiques. L’amour charnel peut aussi s’avérer spirituel ! La voie de Dieu peut aussi emprunter le chemin des Dames. Aux grenouilles de bénitier font écho les vêpres des grenouilles.

    Ce n’est point avec des préjugés qu’il convient de déambuler dans les champs mégalithiques ou les chapelles, car l’apparence est souvent un voile qu’il faut soulever pour apercevoir, apprendre et comprendre le sens de la déesse du soir et du démon de midi. La quenouille du diable et le fuseau de la Vierge sont indissociables sur le rouet cosmique.

    Les bâtisseurs du Moyen Âge et les sculpteurs de la Renaissance ont légué un puzzle de scènes dans l’ombre de la voûte et dans la lumière du chœur, scènes dont on ne peut comprendre le sens si on ne cherche pas à interpréter l’ensemble du décor et si on sépare le motif du lieu. L’analyse symbolique est complexe. En 1908, dans son monumental ouvrage « L’art religieux de la fin du Moyen Âge en France », Émile Mâle (1862-1954) soulignait : « Au XVe siècle comme au XIIIe siècle, il n’est pas une œuvre artistique qui ne s’explique par un livre. Les artistes n’inventent rien ; ils traduisent dans leur langue les idées des autres. Pour expliquer une œuvre d’art du XVe siècle, les fines remarques de l’amateur, ses vues les plus ingénieuses ne sauraient suffire. Il ne sert à rien d’essayer de deviner, il faut savoir. Il faut trouver le livre que l’artiste a eu sous les yeux, ou, tout au moins, si l’on ne peut nommer un livre, il faut faire comprendre de quel grand travail de la pensée religieuse son œuvre est sortie. La lecture des théologiens, des mystiques, des hagiographes, des sermonnaires, du XIVe au XVIe siècle était donc une des parties essentielles de notre tâche. Cette méthode quand il s’agit de l’art du moyen âge, est la seule qui puisse être féconde : on atteint ainsi jusqu’aux sources profondes de la vie morale du temps ». L’historien de l’art avait raison mais il convenait d’y associer la mythologie et le folklore, puis d’apprendre la langue d’Hermès, ce qui suppose d’identifier le symbole et de l’articuler avec un ensemble. Le langage des bâtisseurs n’est ni désinvolte ni inintelligible. Il se réfère à une culture structurée et est un enseignement. Isoler une scène pour justifier une théorie, ce serait tronquer et trahir un schéma cohérent. L’historien de l’art ne peut faire abstraction de l’archéologie et de la mythologie dont les traces se prolongent dans les croyances populaires et le folklore. Isoler un élément, ce serait aussi négliger la comparaison et réduire le sujet à une catégorie, ainsi la représentation dans le porche sud de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre à Chatelaudren (22) ne serait aux dires de certains qu’une personnification de la luxure ! Or, cette acrobate n’ouvre son sexe qu’au regard des seuls ignorants si envoûtés par le spectacle qu’ils en oublient de regarder autour, de suivre la chasse sculptée du porche qui métamorphose cette proie en une initiatrice matricielle tandis que les fresques intérieures offrent la perspective d’une divinité virginale associée à sainte Marguerite !

    L’originalité de la Bretagne est de posséder une amplitude historique et une multitude de sources. Il serait d’ailleurs plus judicieux d’évoquer une évolution des techniques et des formes depuis l’antiquité voire depuis la préhistoire qu’un changement structurel tant la symbolique s’inscrit dans un temps mythique. L’art d’aimer se décline à la fois dans les tracés du néolithique, dans la sculpture romane du XIIe siècle, sur les sablières du XVIe siècle, dans la légende grivoise et dans la chanson courtoise. Cet art dans les chapelles est hors du temps. Il ne relève pas uniquement d’une époque où les bâtisseurs illustraient davantage la connaissance que le savoir. Cet art est aussi étranger au dogme. Il n’appartient pas aux docteurs de la foi. Cet art est une manifestation sacrée, l’écho d’une civilisation où se conjuguent l’élan terrestre de la grande déesse honorée par le peuple des mégalithes et la flamme céleste des pasteurs indo-européens.

    La juxtaposition des symboles est en réalité une superposition et une conjugaison qui s’inscrivent dans une durée. Aux mélanges primitifs, succède le roman d’amour du XIIe siècle. La littérature courtoise et la pensée mystique puisent leur inspiration dans les sources de la mythologique celtique. La quête aventureuse du Graal bouleverse alors les codes chrétiens, pénètre dans les livres de pierre et les parchemins. La culture du moyen âge est janusienne, ce que Marie-Madeleine Davy a mis en évidence dans « Initiation à la symbolique romane » en 1977, l’année même où Alain Daniélou publiait « le temple hindou ». « L’amour de Dieu se suffit ; l’amour charnel peut se suffire. ce dernier n’est point d’ailleurs privé de signification : il s’exprime dans un ordre de beauté et de poésie. Défions-nous des esprits dévots qui risquent toujours de discerner des grimaces dans ce qui leur échappe ». (Marie-Madeleine Davy, « Initiation à la symbolique romane », éditions Flammarion 1 977)

    Il n’y a pas au Moyen Âge une opposition absolue entre le sacré et le profane. La séparation qui va apparaître et s’accentuer au cours des siècles ultérieurs pour culminer à partir du XVIIIe siècle introduit l’idée d’une dualité entre la chair et l’esprit. De cette distinction naquit une confusion intellectuelle et spirituelle où la honte, la violence et la dévotion prévalurent sur la beauté, l’équilibre et la connaissance.

    En modifiant sa façon de pensée et sa manière de se comporter, l’homme a refermé la porte du temple intérieur. Il a nié la chair ou déifié l’esprit et vice-versa, se réfugiant dans les extrêmes de la concupiscence et de la mortification, de la pulsion et de la raison. Le paradoxe du cul-bénit, qui dévoie le profane et le sacré, était né. C’est donc à un va-et-vient entre la préhistoire et les temps modernes, à des retrouvailles et des épousailles que cet ouvrage invite le lecteur et le promeneur, retrouvailles avec la chair et avec l’esprit, pour réapprendre l’amour dans les chapelles et dans les corps, pour bénir le cul et pour affranchir l’âme de l’esprit pompeux.

     

     

     

     

     

  • Voyage dans l'au delà : les Bretons et la mort

    Quelques notes de lecture et liens relatifs au livre de Bernard Rio  "Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la Mort" éditions Ouest-France

    - reportage France 3 Bretagne 1er novembre 2013 :

    http://bretagne.france3.fr/2013/11/01/l-enfer-breton-est-froid-comme-les-landes-349705.html

     

    un reportage sur tebesud consacré à "Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la mort".
    TébéSud - vendredi 25 octobre 2013 - 18h00
    www.tebesud.fr

     

    - émission Thé ou café sur France 2 dimanche 6 octobre :

    http://the-ou-cafe.france2.fr/index-fr.php?page=emission2&id_article=5740

     

    Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la Mort... présenté dans l'émission Thé ou café sur France 2
    Emission - THE OU CAFE - France 2
    the-ou-cafe.france2.fr
    THE OU CAFE

     

     

    - émission Radio Alpha 10 octobre 2013 :

     

    Voyage dans l'au delà : les Bretons et la Mort" sur Radio Alpha le 10 octobre
    Diocèse de Rennes
    rennes.catholique.fr
    Site officiel de l'Eglise catholique en Ille-et-Vilaine, Rennes, official website of Ille-et-Vilaine's catholique church

     

    - émission radio Bro Gwened :

    http://www.radiobreizh.net/fr/episode.php?epid=7623

     

    RADIO BRO GWENED TOSTIK-TRA DEOC'H !

    EMISSION MEGAPHONE - EPISODE DIFFUSÉ LE 17.09.2013

    31 minutes

    LES BRETONS ET LA MORT

    Avec : Bernard Rio

    Episode animé par : Olivier Le Clainche

    Bernard Rio, auteur du livre « Voyage dans l'au-delà », nous parle des croyances et des rites liés à la mort en Bretagne. Intersignes, mel beniget, ankou, lavandières de la nuit, danse macabre, âmes errantes et revenantes...tant d'images et d'histoires, qui entretiennent la relation des bretons à la mort.

     

    article contrepoints:

     

    http://www.contrepoints.org/2013/11/01/144528-voyage-dans-lau-dela

    Voyage dans l’au-delà

    Publié le 1 novembre 2013 dans HistoireLecture

    Bernard Rio, spécialiste des cultures indo-européennes, nous entraîne à travers les siècles et les millénaires pour explorer les rites chrétiens de la mort.

    Par René Le Honzec.

    Voyage-au-delaDes milliers de Français vont encore une fois, rituellement, envahir les autoroutes à péages et les voies à écotaxe différée à l’occasion des fêtes de la Toussaint (1ernovembre) et de la fête des Morts (2 novembre). Beaucoup en profiteront (mais de moins en moins) pour aller se recueillir sur les tombes de parents décorées de chrysanthèmes en promo dans les grandes surfaces. Peu sauront pourquoi, déchristianisation oblige et laïcité contraint. Fixée en 835 par le Pape Grégoire IV au 1ernovembre, la fête des Morts catholique chevauche les trois nuits de Samain, fête celtique par laquelle, pendant quelques jours, les hommes ont accès à l’Autre Monde.

    C’est tout le talent de Bernard Rio, journaliste, écrivain, spécialiste des cultures indo-européennes que de survoler siècles et millénaires pour décrypter les rites chrétiens d’aujourd’hui, plus ou moins catholiques, à la lueur de la tradition. « Les Morts instruisent les Vivants » écrivit Chateaubriand. « Il y a beaucoup à apprendre en écoutant et en étudiant les morts, tandis que nier l’Au-delà n’est pas s’en affranchir » poursuit l’auteur, qui «  s’élance sur les traces d’Anatole Le Braz auquel on doit La légende de la Mort chez les Bretons Armoricains, mais en faisant œuvre d’ethnologue et d’anthropologue, car il embrasse un très large panorama » précise Claude Lecouteux, professeur émérite à la Sorbonne dans son élogieuse préface.

    Pour autant, si ce livre est savant par sa teneur, il est passionnant en sa lecture, épicée de multiples exemples et anecdotes qui illustrent  tous les stades de la mort, depuis son annonce, ou plutôt ses annonces, jusqu’au retour des Âmes errantes. Les intersignes, avertissements, messages que l’Autre Monde adresse aux vivants qui étaient autrefois familiers et aisés à décrypter sont aujourd’hui inaudibles à une société qui achète Halloween à domicile et fait mourir ses vieux ailleurs. Pourtant, en 2004, le répondeur de Lisa M., à Lorient, enregistre le message de vœux d’anniversaire de sa sœur, décédée un an auparavant. Homme de terrain autant que de livre Bernard Rio a recueilli toutes sortes de confidences, visité et photographié les lieux de mémoire, depuis les chapelles jusqu’aux tombes de dévotion, comme la « tombe à la Fille » qui fait l’objet d’un culte suivi depuis la révolution ou « le chêne à la Vierge » serti de dizaines de statuettes votives. Il remonte jusqu’aux pieds sculptés du Petit-Mont en Arzon (56), 5000 ans avt J.-C., pour expliquer le culte de Saint Mélar et les amputations rituelles. « Le rituel funèbre observé depuis plusieurs siècles sur les tombes doit être réinterprété pour retrouver toute sa superbe symbolique. Il possède plus qu’une valeur historique. Il ouvre une voie spirituelle. » Ainsi le personnage de l’Hankou, valet de la Mort, est-il relié au dieu gaulois Ogmios, et le culte des Têtes, retrouvé dans les Mabinogion gallois, fait écho aux témoignages des historiens de l’Antiquité Posidanios d’Apamée et Polybe sur les Celtes.

    Ainsi le livre est-il aussi  fortement et rigoureusement structuré à l’image du squelette de la Mort dans les danses macabres moyenâgeuses des chapelles bretonnes : l’annonce de la Mort, la Mort, le culte des Morts, l’Au-delà.

    Mais il est aussi charnu de ses multiples chapitres et histoires qui laissent un goût de vivant : le chien de l’Enfer, la roue du temps, l’arbre des morts, la barque de nuit, les aboyeuses de Josselin, les lavandières de la nuit, la lanterne des morts, l’auto-stoppeuse fantôme, les Âmes des noyés, les Passeurs d’Âme, la charrette grinçante de l’Ankou… Le « meil béniget », le « Marteau bénit », utilisé pour hâter le trépas de l’agonisant souffrant était posé sur le sommet du crâne, au point correspondant à la grande fontanelle et le 7ème chakra, pour ouvrir symboliquement la boîte crânienne afin de délivrer l’Âme. Souvent relatées comme des légendes et superstitions, ces faits ou phénomènes vous frôlent encore aujourd’hui, à vous de ressentir le frisson de l’intersigne, comme le concierge du lycée de Pontivy qui côtoie le fantôme du moine défroqué du XVIIème siècle.

    L’auteur est aussi photographe de talent et l’ouvrage fourmille d’images belles et fascinantes. Qui illustrent superbement les propos parfois étonnants : ainsi, ces Âmes en attente qui apparaissent sous formes « d’orbes » grâce au numérique. Et si vous peinez à croire que nombre d’églises et de chapelles furent construites sur des critères telluriques, penchez-vous sur les photos p.110, les « pierres des morts ». Endroit spécifique de l’édifice pour faciliter le départ de l’Âme du défunt. J’ai personnellement, en ma paroisse, détecté le réseau tellurique et constaté son utilisation pour ordonner la chapelle de Locmaria sur ses axes principaux. Oui, la « Pierre des morts », dallage particulier, matérialisait le vortex reliant par un tourbillon d’énergie les niveaux telluriques et célestes. Le défunt placé à cet endroit, le prêtre officiant à partir du vortex placé au pied de l’autel (en réalité, l’inverse : l’autel est placé devant le vortex), pouvait utiliser ce puits d’énergie comme un courant ascensionnel pour expédier l’Âme du Mort de bas en haut, au-delà du ciel, dans le cosmos.

    L’Église a oublié tout cela et renié beaucoup de ces rituels ; elle ne sait plus construire des lieux où souffle l’esprit.

    La mort n’est pas une légende. Le fantôme n’est pas un fantôme. La hantise demeure. L’Âme veille et anime l’homme intérieur tandis que le spectacle agite le monde. Au XXIème siècle, le passage de l’Au-delà reste ouvert, dans un sens comme dans l’autre. Bernard Rio n’hésite pas à convoquer au tribunal des Âmes Descartes, Saint Augustin, Einstein, Newton, Kant, le Pseudo-Denis l’Aéropagyte, Mircea Eliade, Chateaubriand, Flaubert, Arnold Van Gennep ou Ogmios. Je vous convoque aussi, amis libéraux-libertaire de l’ancienne Gaule Celtique devenue France devant cet ouvrage pour y trouver des réponses au spirituel, nous qui nous en posons tant au temporel économique sans pouvoir toujours y répondre…

    — Bernard Rio, Voyage dans l’Au-delà, Les Bretons et la mort, Éditions Ouest-France, septembre 2013, 287 pages.

    http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Un-Voyage-dans-l-au-dela-a-ne-pas-manquer-_35238-avd-20131030-66240741_actuLocale.Htm

    Un Voyage dans l'au-delà à ne pas manquer - Rennes

    mercredi 30 octobre 2013
    Bernard Rio, auteur de « Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la mort » (éditions Ouest-France).

     

    Dans son dernier livre, Bernard Rio fait l'inventaire des relations entre les Bretons et la mort. Conférence à Rennes, ce soir.

     

    On ne veut plus la voir, ni la côtoyer, on n'y pense plus, trop occupés que nous sommes à tous à vouloir rester jeunes... et pourtant. Il nous faudra bien mourir un jour. Cette vérité devrait nous inciter à voir la vie différemment, à nous préoccuper de l'éventualité d'un au-delà. Les hommes le font depuis la nuit des temps, et en Bretagne plus qu'ailleurs.

    C'est ce que nous enseigne le dernier ouvrage de Bernard Rio, Voyage dans l'au-delà, les Bretons et la mort (Éditions Ouest-France). Inventaire de ce que furent les relations entre les Bretons et la mort, livre d'histoire et d'histoires, guide pratique richement illustré, il nous dit tout des intersignes, des dames blanches et des lavandières de nuit, des chiens de l'enfer, de l'Ankou, de l'Anaon et des secours de la religion pour sauver son âme.

    On y perçoit la formidable richesse d'une culture nourrie de merveilleux, dans lesquelles les passerelles entre monde des vivants et monde des morts sont réalité. Mais pour combien de temps encore ?

    « Aujourd'hui, une rupture pourrait être perceptible dans l'espace et dans le temps,s'inquiète Bernard Rio. Le Breton ne meurt plus chez lui. Les enterrements sans sacrements se multiplient et la crainte de passer pour un primitif superstitieux refrène désormais quiconque de confier ses visions et perceptions de l'autre monde à ses proches... Cette distanciation est évidente, mais paradoxalement, la proximité avec l'au-delà demeure ! »

    L'auteur en est convaincu au point de conclure son récit sur de mystérieuses photos d'orbes et de très contemporaines histoires de fantômes. Curieux. Fascinant. Un vrai voyage.

    Ce mercredi 30 novembre, à 18 h 30, à l'Espace Ouest-France, rue du Pré-Botté. Rencontre avec Bernard Rio autour de Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la mort(Éditions Ouest-France, 287 pages, 28 €). Proposé par l'association La Bouèze. Entrée libre.

     

    Stéphane VERNAY.

     

     

     

     

    article ABP :

    http://www.agencebretagnepresse.com/fetch.php?id=31494&title=Des+morts+errent+parmi+nous+jusqu

    Des morts errent parmi nous jusqu'à la Fin du Monde
    www.agencebretagnepresse.com
     

     

  • préface "Voyage dans l'au delà : les Bretons et la Mort" par Bernard Rio

    Voyage dans l'au-delà, les Bretons et la Mort

    Bernard Rio

    éditions Ouest-France

    Préface de Claude Lecouteux,

    professeur émérite à La Sorbonne

    Parmi toutes les interrogations humaines, la mort occupe une place centrale et l'histoire des mentalités en témoigne à l'envi. Bernard Rio nous emmène ici à la découverte des croyances et des rites liés au trépas dans une province possédant une très forte identité culturelle, la Bretagne armoricaine.

    Au cours des dernières décennnies, la mort a fait l'objet de recherches approfondies qui ont considérablement éclairé le sujet. En étudiant un autre terroir, le Pays-de-Galles, Marie Capdecomme a traité de la survie des morts[1]; Christophe Pons a fait de même pour l'Islande; Lutz Röhrich a abordé les rapports de la danse avec la mort, Rainer Stöckli s'est penché sur la danse macabre[2], Holger Muench[3] s'est occupé de la culture sépulcrale qui possède son propre musée de puis 1992, à Kassel; divers chercheurs ont traité de la mort dans les temps anciens[4] et des dialogues avec elle[5]; Laurent Guyénot s'est occupé de l'imaginaire de la mort dans les romans féeriques[6], Florence Bayart des Arts du bien mourir, Valérie Gontero de la parure des défunts[7], Bettina Spoerri des discours religieux et didactiques sur la mort[8]… La mort des Grands a fait l'objet d'un numéro spécial[9], l'entre-deux-mondes, celui de plusieurs colloques[10].

    Avec une grande logique, Bernard Rio s'élance sur les traces d'Anatole Le Braz, auquel on doit La Légende de la mort chez les Bretons armoricains, mais en faisant œuvre d'ethnologue et d'anthropologue car il embrasse un très large panorama. S'il se cantonne à une province, c'est qu'elle est particulièrement riche et possède des traditions remontant fort loin dans le temps. Or, justement, Bernard Rio s'attache à repérer tout ce qui a pu subsister d'anciens rituels et de personnages celtiques, dieu aux liens, etc.

    Les différents chapitres de cette magistrale synthèse nous confrontent à un ensemble de pratiques qui ont pratiquement disparu de nos jours, bien que Bernard Rio donne quelques témoignages modernes surprenants. C'est un livre des plus complets, qu'on en juge ! Le lecteur y apprend tout ce qu'il a jamais voulu savoir sur les intersignes, la mort, le marteau de la bonne mort, le décès, la toilette funèbre, l'habillement du défunt, les dons mis dans le cercueil – des chaussures par exemple car le de cujus va entreprendre un voyage -, la veillée, la cérémonie de funérailles, avec la réponse à la question: pourquoi place-t-on la bière dans l'église au centre du transept? Bernard Rio partage aussi avec nous les résultats des découvertes archéologiques, comme ces lourdes pierres posées sur le défunt, ou ces pierres déposées dans la bouche, ou encore les morceaux de fer clouant le corps dans la tombe, indices certains de la peur d'un retour du mort. Il nous explique la coutume de conserver les crânes alors que le reste du squelette rejoint l'ossuaire et la met en rapport avec la pratique des têtes coupées chez les anciens Celtes et rapproche des saints céphalophores. Il nous livre de passionnantes remarques sur l'emplacement de la tombe, dans ou hors du cimetière, sépulture sur laquelle vont se développer des pratiques de dévotion populaire et, au passage, sait nous parler des lanternes des morts, de l'inhumation dans l'église, de la commémoration des défunts à la fête de Tous les Saints qui, semble-t-il, a remplacée celle de Samain chez les Celtes et qui a été folklorisée en Halloween, des chevaux psychopompes. Il sait nous parler de l'arbre des morts, et on se souviendra de la croyance voulant que certains défunts fassent leur purgatoire dans un arbre. Il rapproche cet arbre de l'if de Ross et de Mugna (Irlande) et en décrypte le symbolisme...

    Les crimes et les châtiments sont une autre facette du sujet, et Bernard Rio montre combien de conséquences ils appellent, que ce soit en marquant la terre, en la stérilisant, c'est-à-dire en la tuant, et les emplacements ainsi marqués sont les soutiens de la mémoire ; on notera que, parfois, un phénomène naturel – des traces sur le sol – donnent lieu à des légendes étiologiques...

    La dimension iconographique n'est pas ignorée : Bernard Rio s'occupe aussi, par exemple, des représentations de l'Ankou et de la composition des retables. Il recense avec minutie tous les saints bretons qui touchent, de près comme de loin, au trépas.

    Son ouvrage ne se contente pas d'un simple recensement : ses analyses font une large part à la diachronie avec, par exemple, un exposé sur toutes ces tombes datant de la révolte des Chouans. Et puis, last but not least, son chapitre sur l'au-delà nous parle des fantômes qu'il nomme joliment « les âmes récalcitrantes », et des revenants de toutes sortes, avec des exemples parfois récents, comme lorsqu'il nous conte l'histoire d'auto-stoppeuses fantômes, un must des légendes urbaines[11] ! Tous ces mal morts, ceux dont le trépas a abrégé la durée de vie fixée par le destin - assassinés, péris en mer, insepulti, etc. - prennent de multiples formes dont l'une des plus connues est celle des lavandières de nuit, si bien représentée en 1861 sur un tableau de Yan' Dargent et que l'on peut admirer au Musée des Beaux-Arts de Quimper, ou celle des aboyeuses, des lavandières condamnées à aboyer comme des chiens pour avoir refuser d'accueillir la Vierge. Bernard Rio établit ici un parallèle avec un épisode de la mythologie irlandaise qui met en scène Cuchulainn, mais je crois que l'on pourrait aussi songer à un épisode de la vie de saint Patrick ; Giraud de Barri (1146-1223) raconte en effet ceci dans sa Topographie de l'Irlande (II,19) :

    « Les Irlandais se mirent un jour à hurler comme des loups contre saint Patrick qui leur prêchait la religion chrétienne. Pour que leurs descendants aient un signe visible du manque de foi de leurs ancêtres, le saint obtint de Dieu que certains d'entre eux fussent transformés en loups pendant sept ans et vivent dans les bois à la manière des animaux dont ils avaient pris l'apparence. »

    Nous rencontrons enfin la Chasse sauvage[12], cortège de damnés, et le chasseur maudit pour avoir transgressé un interdit religieux.

    Ce livre d'une grande richesse montre combien la vie et la mort interfèrent, combien ici-bas et au-delà coexistent, combien il existe de passages entre les deux mondes, passages temporels ou, plus rarement, locaux, combien les défunts ne disparaissent jamais totalement selon les anciennes croyances. Ils parlent, agissent, se manifestent, avertissent, conseillent, dansent, laissent des traces, sont parfois dangereux et doivent être exorcisés ou bannis, dans la peau d'un chien, noir bien sûr ! Mais ils dépendent des vivants, ils ont besoin de leur aide pour trouver enfin le repos éternel, pour gagner ce monde dont on ne devrait pas revenir si l'on est mort comme il faut et après avoir été pleuré, toiletté et enterré selon les rites ancestraux. Comme le souligne Bernard Rio, requiescat in pace n'est pas une formule creuse : c'est un ordre et un souhait. Que chacun reste à sa place ! De cette étude ressort la volonté de l'Église de capter et canaliser, de christianiser et de modifier les rites et les croyances funèbres : la place des morts est au paradis, au purgatoire et en enfer, surtout pas sur terre. Or, les Bretons ont su conserver vivant le souvenir de ces défunts qui erraient sur terre, et c'est bien là que le bas blessa le clergé.

    Aujourd'hui, bien des rites ont disparu car la société moderne a tout fait pour cacher la mort, la rendre anonyme, sur un lit d'hôpital ; la veillée et le repas funèbre, grands moments de sociabilité et moyens de faire son deuil, ne jouent plus le rôle d'antan et les décès prennent un caractère définitif qu'ils ne possédaient pas car les défunts restaient proche des vivants.

    Bref, le livre de Bernard Rio, illustré par de très nombreux exemples et de belles légendes, d'une érudition jamais pesante et d'un style alerte, se lit comme un roman passionnant et apporte une pierre supplémentaire à l'histoire des mentalités.

    Claude Lecouteux

    Professeur émérite à la Sorbonne



    [1] Marie Capdecomme, La vie des morts. Enquête sur les fantômes d'hier et d'aujourd'hui, Paris, Imago, 1997.

    [2]Lutz Röhrich, “Tanz und Tod in der Volksliteratur”, in: Franz Link (éd.), Tanz und Tod in Kunst und Literatur, Berlin, Duncker & Humblot, 1993, pp. 599-634; Rainer Stöckli, Zeitlos tanzt der Tod. Das Fortleben, Fortschreiben, Fortzeichnen der Totentanztradition im 20. Jahrhundert, Konstanz, Universitätsverlag, 1996.

    [3] Holger Muench, Todesmentalitäten des Mittelalters - Mentalitätshistorische Betrachtung am Beispiel der Sepulchralkultur, Grin Verlag für akademische Texte, 2007.

    [4]Émile Jobbé-Duval, Les morts malfaisants. Larves, lémures d’après le droit et les croyances populaires des Romains, rééd. Chambéry, Éditions Exergue, 2000 ; A. Borst, G.v. Graevenitz, A. Patschovsky, K. Stierle (éd.), Tod im Mittelalter, Konstanz, UVK Universitätsverlag, 1993 (Konstanzer Bibliothek, 20); Daniel Schäfer, Texte vom Tod. ZurDarstellung und Sinngebung des Todesim Spätmittelalter. Göppingen, Kümmerle, 1995 (G.A.G. 620); Herman Braet, Werner Verbeke (éd.), Death in the Middle Ages, Louvain, University Press, 1983 (Mediaevalia Lovaniensa I/IX); Irmgard Wilhelm-Schaffer, Gottes Beamter und Spielmann des Teufels. Der Tod in Spätmittelalter und früher Neuzeit, Köln, Weimar, Wien, Böhlau Verlag, 1999;

    [5] Charles Zarembra, Le dialogue de maître Polycarpe avec la mort et autres textes macabres polonais, Paris, Institut d'Etudes slaves, 1997; Johannes von Tepl, Le laboureur de Bohême, dialogue avec la mort, trad. Et commentaire par Florence Bayart, Paris, P.U.P.S., 2013.

    [6] Laurent Guyénot, La mort féérique. Anthropologie du merveilleux, XIIe-XVe siècle, Paris, Gallimard, 2011 (Bibliothèques des Histoires).

    [7] Valérie Gontero, “Le corps paré du défunt. Les rites funéraires dans le Roman d'Eneas”, Senefiance 47 (2001), pp. 139-152.

    [8] Bettina Spoerri, Der Tod als Text und Signum. Der literarische Todesdiskurs in geistlich-didaktischen Texten des Mittelalters, Bern, Berlin, Frankfurt, Peter Lang, 1999.

    [9] La Mort des Grands, Médiévales 31 (1996).

    [10] Arlette Bouloumié (éd.), Les vivants et les morts. Littératures de l'entre-deux-mondes, Paris, Imago, 2008; Karin Ueltschi & Myriam White-Le Goff (éd.), Les entre-mondes: les vivants, les morts, Paris, Klincksiek, 2009.

    [11] Cf. Véronique Campion-Vincent, Jean-Bruno Renard, Légendes urbaines, rumeurs d'aujourd'hui, Paris, Payot, 1992.

    [12] Voir la splendide étude de Karin Ueltschi, La Mesnie Hellequin en conte et en rime. Mémoire mythique et poétique de la recomposition, Paris, Champion, 2008 (Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge, 88).

     

  • Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la Mort

    "Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la mort" de Bernard Rio

    préface de Claude Lecouteux, professeur émérite à La Sorbonne

    Parution le 5 septembre aux éditions Ouest-France

    Les Bretons entretiennent des relations singulières avec la Mort et les morts, tel est le constat de cette vaste enquête dans la Bretagne d’aujourd’hui. “L’Ankou” n’est pas seulement un personnage de légende. Ce “conducteur des morts” dans l’au-delà apparaît toujours au 21e siècle comme en attestent plusieurs témoins dignes de foi. A l’ère d’internet, les Bretons perçoivent  de nouveaux intersignes annonçant les décès ou révélant la présence des “Anaon”, les “âmes errantes” qui hantent les chemins et les maisons. Perdues au fond des bois, des  tombes immémoriales continuent de recevoir les offrandes de visiteurs anonymes !

    Quel sens donné à ces phénomènes mystérieux, révélateurs d’un véritable culte des morts et d’une croyance dans l’autre monde ? Qu’est-ce que le marteau bénit ? Pourquoi dépose-t-on le cercueil du défunt à la croisée du transept dans l’église ? A quoi reconnait-on la présence de l’Anaon ? Qui est l’autostoppeuse fantôme ? Où voir la danse macabre ?  Qui sont les passeurs d’âmes ? Autant de questions auxquelles Bernard Rio apporte des réponses  dans ce livre qui renouvelle complètement la célèbre légende de la Mort écrite par Anatole Le Braz au XIXe siècle. “Voyage dans l’au-delà” par Bernard Rio est un livre essentiel pour qui veut décrypter les intersignes et comprendre les rites funèbres de la Bretagne ancienne et moderne.

    Avant-propos

    « Les morts instruisent les vivants » écrit François-René de Chateaubriand dans les « Mémoires d’outre-tombe »[1]. La formule est éloquente, mais est-elle vraie ?

    Sans conteste,  l’homme vivant est préoccupé par la mort. Mais ce « gouvernement des morts », selon Auguste Comte[2] dans le « Catéchisme positiviste » peut ne pas être une fatalité.

    Les racines de ma famille, dans la partie occidentale du pays vannetais, ont de facto contribué à l’intérêt que je porte depuis l’enfance aux « choses » de l’autre-monde. Elles ne m’ont cependant pas emprisonné dans le passé ou dans la nostalgie. Il y a beaucoup à apprendre en écoutant et en étudiant les morts, tandis que nier l’au-delà n’est pas s’en affranchir.

    Aux récits familiaux notamment les « choses » vues et racontées par mon aïeule, ont succédé les lectures notamment « La légende de la Mort » d’Anatole Le Braz[3], puis les rencontres avec les vivants qui voient et passent les âmes des défunts, jusqu’au jour venu où il m’importait de partager ce voyage dans l’au-delà. Cette traversée dans la mémoire et le paysage n’est ni passéiste ni morbide, mais elle est sans fin car les hommes vivent avec les morts. Admettre cela, c’est, je crois, apprendre à se libérer de la peur et du passé, accepter l’éternité. « Les dieux sont des hommes immortels tandis que les hommes sont des dieux mortels »  prétendait le philosophe grec Héraclite[4]. C’est cette part d’humanité des morts et cette part de divinité des hommes que cet ouvrage essaie d’aborder.

    [1] François-René de Chateaubriand, « Mémoires d’outre-tombe », 1849-1850.

    [2] Auguste Comte, « Catéchisme positiviste », 1852.

    [3] Anatole Le Braz, « La légende de la Mort chez les Bretons armoricains » 1893 et 1902.

    [4] Héraclite « Fragments » 62, X, 10,6, édition Hermann Diels, 1903, traduction Marcel Conche, PUF, 1986.

    Une_VoyageAuDela.png

    Voyage dans l’au-delà

    Les Bretons et la Mort

    Introduction

    I L’annonce de la mort

    Les annonces préliminaires

    À la vie à la mort

    La roue cosmique

    La charrette de la Mort

    La Mort

    La danse macabre

    Cauchemar et cheval de nuit

     II La Mort

    Le départ de l’âme

    La veillée funèbre

    Le cortège funéraire

    De l’église à la tombe

    Absence et substitution

    La lanterne des morts

    Le repos éternel

    Le repas des funérailles

     III Le culte des morts

    Les tombes de mémoire

    Les têtes coupées

    La Toussaint

    L’arbre des Morts

    L’If d’immortalité

     IV L’Au-delà

    Le chemin des âmes

    La barque de nuit

    La baie des Trépassés

    Les âmes des noyés

    Les âmes des défunts

    Les âmes récalcitrantes

    Les âmes errantes et revenantes

    Les lavandières de nuit

    Les chiens de l’enfer

    La chasse sauvage

     Conclusion

  • Note

    Patrimoine 

    Voyage dans l'au-delà, les Bretons et la mort, préface de Claude Lecouteux, éditions Ouest-France, à paraître septembre 2013

    Le cul bénit, éros et le sacré, préface de Michel Maffesoli, éditions Coop Breizh, à paraître octobre 2013

    Au-delà du cercle Arctique, Rando éditions, 2012

    Bretagne secrète de A à Z, éditions Le Rocher 2011

    Encyclopédie de Bretagne, contributions volumes 2 et 3 Anthropologie - Culture - Patrimoine, éditions Dumane 2011

    Le Golfe du Morbihan, couleurs locales Rando éditions  2011

    Mystères de Bretagne, éditions Le Télégramme, mars 2009

    Fontaines de Bretagne, éditions Yoran Embanner, décembre 2008

    Avallon et l’Autre Monde, géographie sacrée dans le monde celtique, éditions Yoran Embanner, 2008

    La Chasse en Bretagne, éditions Palantines, 2008

    Pardons de Bretagne, éditions Le Télégramme, 2007

    La Bretagne des chemins creux, Sud-Ouest, 2005

    Rivières de Bretagne, Palantines, 2005

    Veilleurs de mémoire, éditions Siloë, juin 2004

    L’arbre philosophal, L’Age d’Homme, 2001

    Toutes les chasses du pigeon ramier, éditions Gisserot, 2000

    Toutes les chasses du faisan, éditions Gisserot, 2001

    Le Bestiaire celtique, éditions Gisserot, 1999

    Dictionnaire critique de l’ésotérisme, partie celtique, sous la direction de Jean Servier PUF, 1998

      

    Randonnées 

    Par monts et par vaux, en Rhône-Alpes, Randoéditions  2013

    De la Loire à la Gironde, Dakota éditions, mai 2012

    Balades nature, la biodiversité du Mont saint Michel à l’Adour, Randoéditions  2011

    Les sentiers d’Emilie en Bretagne, Rando éditions, 2009

    Le Morbihan à vélo, éditions Sud-Ouest, 2009

    Sur les chemins de légendes, Bretagne Sud, éditions Glénat, 2008

    La Loire-Atlantique à vélo, éditions Sud-Ouest, 2008

    Rando-étapes en Bretagne, Rando éditions, 2007

    Randonnées sur les chemins des Pardons en Bretagne, Rando éditions, 2007

    Chemins de légendes,Bretagne Nord, éditions Glenat, février 2007

    Les sentiers d’Emilie dans le Morbihan, Rando éditions, 2005

    Les sentiers d’Emilie en Loire-Atlantique, Rando éditions, 2005

    Les sentiers d’Emilie en Ille-et-Vilaine, Rando éditions, 2005

    Sentiers douaniers de Bretagne, éditions Glenat, 2005

     

    Art de vivre

    L’eau et la vie, éditions du Dauphin, 2006

    Le saumon, pêche, élevage et gastronomie, éditions du Pécari Atlantica, 2005

    Le miel et l’abeille, éditions du Dauphin, mai 2004

    Petit traité savant du cidre, éditions Equinoxe, mai 2004

    Le cidre, histoire d’une boisson venue du fond des âges, Coop Breizh, 2003

    Le Cidre, éditions Hatier, 1997

    Terroirs de Bretagne, éditions Ouest-France 1996

     

    Tourisme

    La Ria d’Etel, éditions LeTélégramme, mai 2010

    Le château de Craon, éditions Sud-Ouest, mai 2007

    Le golfe du Morbihan, éditions Gisserot, 1999

    L’île de Groix, éditions Gisserot, 1999

    Vannes et le golfe du Morbihan, éditions Gisserot 1994

  • Bernard Rio par monts et par vaux

    A la découverte de la nature

    Prochaine publication de Bernard Rio et prochain rendez-vous ... le 22 mars au SALON DU RANDONNEUR –cité des congrès 1 quai Charles de Gaulle 69006 LYON - sur le stand de Rando-Editions pour la présentation du guide "Par Monts et par vaux" randonnées naturalistes en Rhône-Alpes et alentours...par Monts-et-Vaux.jpgpar monts et par vaux

    Découvrir des milieux naturels par la promenade, tel est l’objectif de ce guide de randonnée naturaliste.  Observer et comprendre le patrimoine naturel en empruntant des sentiers tracés et commentés par les meilleurs connaisseurs de ces zones naturelles : ceux-là même qui gèrent ces milieux exceptionnels dans un souci de biodiversité. 

    L’originalité de ce guide est de proposer des circuits hors des chemins battus et des itinéraires souvent inédits dans la moyenne montagne, dans les vallées et dans les zones humides (étangs, marais, tourbières). Le premier enseignement de ce guide destiné à tous les amoureux de la nature, qu’ils soient grands ou petits, parents ou enseignants, gestionnaires ou contemplatifs, c’est qu’il n’existe pas deux milieux identiques.  A chaque milieu mais aussi à chaque saison correspondent une flore et une faune singulières. 

    Chaque itinéraire détaillé avec précision est assorti d’une cartographie, d’un guide pratique et d’un lexique. Du col de l’Escrinet (Ardèche) jusqu’à la forêt du Paradis (Jura),  autour des étangs de la Bresse et jusqu’aux bords de la Loire, ce guide sur les territoires de la Fondation pour la Protection des Habitats de la Faune Sauvage en Bourgogne, Franche-Comté et Rhônes-Alpes est une invitation à la balade, par monts et par vaux, du nord au sud, dans  et autour de la vallée du Rhône. Botanique, géologie, ornithologie...  Le promeneur apprend en marchant, sans jamais oublier l’histoire des hommes qui ont fait le paysage et le travail de ceux qui le sauvegardent aujourd’hui pour notre plus grand bonheur… Une initiation à la nature proposée aux curieux !

     

  • Bernard Rio Chronique

    Chaleureuse Scandinavie

    Le Télégramme 14 janvier 2013

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    Froid, le GrandNord? Ennuyeuse, la nature? Pas après avoir lu - dévoré - et «flashé» sur la chaleureuse beauté des photos du splendide ouvrage(*) du photographe Jean-Claude Meslé, sur des textes du Morbihannais Bernard Rio.

    Clivre est rare, à plus d'un titre. Tout d'abord, les photos, numériques certes, ne sont ni recadrées, ni retravaillées. Tout se fait donc à la prise de vue. Par ailleurs, son auteur, parti sur les traces des oiseaux migrateurs et autres animaux qui peuplent le désert blanc de la Scandinavie, ne s'est pas contenté des spots photo bien connus et organisés par des agences spécialisées(200 € la place pour une quinzaine de photographes en moyenne). 

    À l'affût par - 30 ° 

    Jean-Claude Meslé, a passé trois années de suite, trois mois dans les solitudes glacées de la Scandinavie, de la nuit polaire au coeur de l'été selon Bernard Rio, qui l'a rejoint à la belle saison. «Je suis ébahi par ce travail. Quand je pense que Jean-Claude a passé des nuits entières à l'affût, par - 30°, sans savoir à coup sûr s'il verrait des animaux et quelle serait la luminosité!». Ceci dit, le photographe ne partait pas à l'aveuglette. Son intelligence du paysage, nourrie de plusieurs voyages, sa parfaite connaissance du biotope et des espèces migratoires lui ont permis de ne pas revenir bredouille à son campement à la frontière russe et de réaliser d'exceptionnels clichés. Des clichés pas cliché, souligne Bernard Rio, car «ce parti pris a permis de prendre sur le vif et dans l'intimité des espèces moins connues du grand public mais pourtant emblématiques». 

    Rapports de non-propriété 

    Quant à Bernard Rio qui a travaillé, bien au chaud, sur les carnets de notes de son ami, il a souhaité apporter une dimension culturelle, au-delà de l'émotion et de la beauté à l'état brut:«Je suis un grand amateur de littérature nordique. Notamment de l'oeuvre romanesque et des carnets du Norvégien Knut Hamsun, prix Nobel de littérature en 1920. Cette littérature reflète idéalement les rapports que les Scandinaves et les Lapons entretiennent avec la nature. En l'occurrence, des rapports de non-propriété. Car s'ils viennent y pêcher ou y chasser, c'est un partage, pas une appropriation. Ce statut juridique date de l'époque viking. C'est en tout ce que j'ai essayé de faire partager et d'ajouter aux images, même si effectivement, celles-ci parlent d'elles-mêmes». Bref, le genre d'ouvrage qui vous donne des frissons de bonheur, à déguster dans la chaude intimité d'un bon feu de bois. 

    * «Au-delà du cercle arctique. Voyage en Scandinavie» (Rando Éditions). Pratique Bernard Rio sera présent les 18, 19 et 20janvier au festival Itinérances, à Allaire (56).

    • Hervé Queillé
  • Bernard Rio Chronique

    Chaleureuse Scandinavie

    Le Télégramme 14 janvier 2013

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    Froid, le GrandNord? Ennuyeuse, la nature? Pas après avoir lu - dévoré - et «flashé» sur la chaleureuse beauté des photos du splendide ouvrage(*) du photographe Jean-Claude Meslé, sur des textes du Morbihannais Bernard Rio.

    Clivre est rare, à plus d'un titre. Tout d'abord, les photos, numériques certes, ne sont ni recadrées, ni retravaillées. Tout se fait donc à la prise de vue. Par ailleurs, son auteur, parti sur les traces des oiseaux migrateurs et autres animaux qui peuplent le désert blanc de la Scandinavie, ne s'est pas contenté des spots photo bien connus et organisés par des agences spécialisées(200 € la place pour une quinzaine de photographes en moyenne). 

    À l'affût par - 30 ° 

    Jean-Claude Meslé, a passé trois années de suite, trois mois dans les solitudes glacées de la Scandinavie, de la nuit polaire au coeur de l'été selon Bernard Rio, qui l'a rejoint à la belle saison. «Je suis ébahi par ce travail. Quand je pense que Jean-Claude a passé des nuits entières à l'affût, par - 30°, sans savoir à coup sûr s'il verrait des animaux et quelle serait la luminosité!». Ceci dit, le photographe ne partait pas à l'aveuglette. Son intelligence du paysage, nourrie de plusieurs voyages, sa parfaite connaissance du biotope et des espèces migratoires lui ont permis de ne pas revenir bredouille à son campement à la frontière russe et de réaliser d'exceptionnels clichés. Des clichés pas cliché, souligne Bernard Rio, car «ce parti pris a permis de prendre sur le vif et dans l'intimité des espèces moins connues du grand public mais pourtant emblématiques». 

    Rapports de non-propriété 

    Quant à Bernard Rio qui a travaillé, bien au chaud, sur les carnets de notes de son ami, il a souhaité apporter une dimension culturelle, au-delà de l'émotion et de la beauté à l'état brut:«Je suis un grand amateur de littérature nordique. Notamment de l'oeuvre romanesque et des carnets du Norvégien Knut Hamsun, prix Nobel de littérature en 1920. Cette littérature reflète idéalement les rapports que les Scandinaves et les Lapons entretiennent avec la nature. En l'occurrence, des rapports de non-propriété. Car s'ils viennent y pêcher ou y chasser, c'est un partage, pas une appropriation. Ce statut juridique date de l'époque viking. C'est en tout ce que j'ai essayé de faire partager et d'ajouter aux images, même si effectivement, celles-ci parlent d'elles-mêmes». Bref, le genre d'ouvrage qui vous donne des frissons de bonheur, à déguster dans la chaude intimité d'un bon feu de bois. 

    * «Au-delà du cercle arctique. Voyage en Scandinavie» (Rando Éditions). Pratique Bernard Rio sera présent les 18, 19 et 20janvier au festival Itinérances, à Allaire (56).

    • Hervé Queillé
  • au delà du cercle arctique

    sortie le 10 septembre 2012 de l'album "au delà du cercle arctique", texte de Bernard Rio avec les photographies de Jean-Claude Meslé, publié chez Rando Editions;

    Présentation le samedi 22 septembre 2012, festival du livre au bord de loire, Paimboeuf, stand de la librairie coiffard, à partir de 10 heures.couverture1.jpgcouverture2.jpg

  • Du Mont Saint-Michel à l'Adour

    Balades nature

    Découvrir des milieux naturels par la promenade, tel est l’objectif de ce guide de randonnée naturaliste.  Observer et comprendre le patrimoine naturel en empruntant des sentiers tracés et commentés par les meilleurs connaisseurs de ces zones humides : ceux-là même qui gèrent ces milieux exceptionnels dans un souci de biodiversité. 

    L’originalité de ce guide est de proposer des circuits hors des chemins battus et souvent inédits sur le thème de l’eau qu’elle soit douce, salée ou saumâtre. Le premier enseignement de ce guide destiné à tous les amoureux de la nature, qu’ils soient grands ou petits, parents ou enseignants, gestionnaires ou contemplatifs, c’est qu’il n’existe pas deux milieux identiques. 

    Aber à Crozon, Loch à Guidel, Estran et rivière maritime à Vannes, Estuaire  à Lavau-sur-Loire et à Mortagne sur Gironde, île et prairie humide  à Angers, Lac à Grand-Lieu, Tourbières à Glomel et Brasparts, Landes humides à Glomel, étang et rivages lacustres à Saint-Martin-de-Seignanx, Marais littoral à Guissény, Marais arrière-littoral à Châtauneuf-d’-Ille-et-Vilaine, à Braud et Saint-Louis, et à Saint-Just-Lizac, Forêts humides dans l’estuaire dans l’estuaire du Trieux à Plourivo et dans les Landes à Sainte-Eulalie-en-Born, cordons dunaires à Cancale et au Verdon-sur-Mer...  A chaque milieu  mais aussi à chaque saison correspondent une flore et une faune singulières. 

    Chaque itinéraire détaillé avec précision est assorti d’une cartographie, d’un guide pratique et d’un lexique. Du Mont-Saint-Michel jusqu’au piémont pyrénéen, ce guide   sur les territoires de la Fondation pour la Protection des Habitats de la Faune Sauvage et du Conservatoire du Littoralest une invitation à la balade, par landes et par vaux, du nord au sud, sur la côte et dans l’arrière-pays. Botanique, géologie, ornithologie...  Le promeneur apprend en marchant, sans jamais oublier l’histoire des hommes qui ont fait le paysage et le travail de ceux qui le sauvegardent aujourd’hui pour notre plus grand bonheur… Une initiation à la nature poposée aux curieux !

    format 12 x 19 cm, broché, 160 pages

    Rando-éditions  ISBN : 978-2-84182-489-9