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Bernard Rio - Page 14

  • Le salon littéraire

    Chroniques d'Anne Bert dans Le Salon littéraire et sur le blog impermanence

     

    Haut les culs, hauts les cœurs,  Le cul bénit c’est  une quête du Graal, le sexe principe d’amour, fût-il divin.

     

     

    Les belles épousailles que voilà en terre bretonne !   Le titre Cul bénitoxymore qui acoquine la chose dont il ne faudrait pas parler et la morale qu’il faudrait suivre, comme le dit joliment  l’auteur, sied à merveille à ce beau livre qui réconcilie les bas morceaux du corps avec le très haut esprit saint  en nous invitant  à changer notre regard  sur les représentations canailles qui ornent les édifices religieux de la région.

     

    Bernard Rio refuse de décrypter les scènes érotiques avec une vision religieuse ou moraliste, ou même  exhibitionniste, non, ces sexes érigés  et ces culs ouverts ne sont pas là pour effaroucher les bonnes âmes et les dévots ou ravir les voyeurs. Le sexe et ses plaisirs sont aussi un chemin qui mène à Dieu et il faut pour  aller chercher au-delà du christianisme, lever le voile pudibond.

     

    L’auteur ôte  donc les œillères  de la bienséance et  cherche  une connexion pour comprendre le sens de cette débauche de sexes et de chair tentatrice,  il ne se focalise pas sur ce qui fascine l’œil, il embrasse l’ensemble des scènes, il interroge  les  lieux, les paysages, l’architecture, la mythologie, les fêtes calendaires, l’étymologie, bref  il lui faut retrouver toutes les pièces du puzzle pour  débusquer le sens de cette imagerie érotique et pornographique qui  envahit porches et calvaires de la Bretagne.

     

    Ce spécialiste de l’environnement et du patrimoine  s’est  livré  à un travail historique de fourmi.  Il dit en préambule avoir  épuisé les traités d’art sacré et les ouvrages érotiques sans trouver réponse. Alors il a franchi les frontières  et c’est un ouvrage d’ Alain Daniélou  sur les temples hindous qui lui a donné une clef : ces lieux de culte  sont des endroits choisis pour des raisons précises, des lieux magnétiques,  magiques,  de véritables centres de communication entre deux mondes qui se méconnaissent et qu’il faut réunir, le visible et l’invisible. 

     

    B.Rio  transpose cette vision des choses aux sanctuaires bretons et ne voit plus dans une vulve exhibée une provocation ou un objet de péché.

     

    Ainsi, dit notre auteur, La voie de Dieu peut aussi emprunter le chemin des Dames…

     

    Nous voici donc  embarqués pour  plusieurs millénaires  d'amour et de désir après que notre guide nous a présenté  la grande Déesse et ses signes symboliques, vulve ouverte, sein,  fesses, lune, soleil et la fertilité, et le  Bon Dieu et son phallus (donc dressé), son homologue masculin.

     

    Les présentations faites, il s’agit d’ouvrir son champ de vision et de ne jamais se contenter de regarder le détail pornographique ou évoquant le sexe, ce qui est tentant il est vrai, tant l’iconographie  choisie  est  étonnante. Mais l’auteur  au regard affûté ne nous laisse pas gamberger, le contexte  historique est  décortiqué dans cette invitation à remonter le temps.

     

     

    Le livre est impossible à résumer tant le propos est soigneusement fouillé pour chaque sculpture sur laquelle s’arrête l’auteur.  Alors pêle-mêle quelques images récurrentes :  au chapitre 2, Les sirènes et l’amour, s’intéresse à ce que les fontaines disent de la féminité, ces portes d’un autre monde décrites  par Chrétien de Troyes, et qui ont donné corps à de si nombreuses légendes, telles celles des jeunes filles et des épingles avec leur symbolique sexuelle.  Dans le chapitre 3, la figure de la sirène  nue   ou  toujours seins nus est diabolisée et opposée à La Sainte Vierge désexualisée (ses seins servent à nourrir) ;   cette sirène  est[..parfois dotée d’une double queue, elle fait le grand écart pour offrir son sexe au regard et susciter le désir..] telle Sheela, l’irlandaise (Chapelle Notre Dame-du- Tertre à Chatelaudren). L’église a dû faire bonne figure avec cette diablesse parce qu’elle est omniprésente.

     

    B. Rio donne à chaque fois très précisément le lieu se trouvent les représentations qu’il mentionne mais c’est dommage qu’il n’ait pas inclus en fin d’ouvrage  une carte de la région les répertoriant, ce qui 

     

    permettrait d’organiser un périple breton réjouissant pour aller rendre hommage au phallus à clochette et à pattes à Langolin,  méditer à  Brasparts en compagnie  de cette sculpture pensive qui empoigne son sexe en érection , déchiffrer la présence du phallus dans la gueule du chien à Gourin, imaginer les scènes de carnaval face à la dame  les jambes écartées  tenant une  quenouille de la main droite et la queue du cochon de la main gauche… et  cheminer  ainsi de fous en  pétangueules, de cornus  en lèche-cul,  jusqu’aux  autres  innombrables sculptures si bavardes pour peu qu’on veuille bien les écouter.

     

     

    Après avoir refermé ce livre, on ne pourra plus s’arrêter  devant un sanctuaire sans avoir envie de faire son  propre jeu de piste à la recherche de toutes les composantes  qui justifient  le lieu de culte et  ses ornements, en gardant toujours à l’esprit que ces endroits  rassemblent et invitent au vivre ensemble  dans l’harmonie.  Et  surtout que  les plaisirs charnels ne sont pas un péché.  L’érotisme, pour ne pas dire le cul,  est assurément le premier pas vers  Dieu… le Bon Dieu … la Grande Déesse… Bel ode à la vie, non ?

     

    Anne Bert

     

    Le cul bénit- Amours sacrés et passions profanes - Bernard Rio - 190 pages -  éditions Coop Breizh-  oct 2013 -  25 €

     

     

    Le cul bénit de Bernard Rio

    c-cul-benit

    Si vous êtes féru d’art, d’érotisme, d’ histoire avec un grand H ou pas, ou si vous envisagez une balade en Bretagne je ne saurais trop vous conseiller ce bel ouvrage qu’est Le Cul bénit, sur l’érotisme des lieux de culte bretons, doté d’une étonnante iconographie parfois très explicite.

    Bernard Rio,  nous ouvre les portes d’un monde d’amour en rejetant de l’art érotique sacré, la notion de péché. Ce livre révèle combien le sexe participe à l’amour de dieu comme à celui de nos prochains, et comment depuis des millénaires les sculpteurs l’ont intégré dans leur art pour fêter la vie autant que Dieu. Mais fallait-il encore vouloir  regarder plus loin que par la lorgnette du péché….IMG04337-20140112-1452

    IMG04338-20140112-1452 brSi le coeur ( ou le cul) , vous en dit, vous pouvez aller lire ma chronique du Cul bénit sur :

     

     → Le Salon Littéraire

     
     
  • Le Monde des Religions

    Michel Cazenave Le Monde des Religions

    Mythologies celtiques et autres

    Philippe Jouët, Dictionnaire de la mythologie et de la religion celtiques, Ed. Yoran Embanner, 1040 p ., 48 euros / John Sharkey, Mystères celtes, Dervy, 128 p., 14 euros / Bernard Rio, Voyage dans l’Au-delà - Les Bretons et la mort , Ed. Ouest-France, 28

     

    Les mythologies (et les contes et les légendes qui, si souvent !, les déguisent à peine), n’ont pas fini de nous faire rêver… Et encore plus, lorsque nous découvrons les mythologies des Celtes qui, sans doute, n'ont pas fini de nous faire songer, et dont on sait à quel point elles sont pour une grande part à l’origine de notre imaginaire culturel - et de notre littérature : il suffit de penser à cette Matière de Bretagne qui a inspiré tout notre Moyen Age, et dont quelqu’un comme Chrétien de Troyes, ou une auteure comme Marie de France, reconnaissaient sans ambages qu’elles les avaient inspirés…

    Aussi, soyons reconnaissants à Philippe Jouët, dans un remarquable dictionnaire, et à John Sharkey – fût-ce, parfois, et dans ce dernier cas, au cours de « dérives » qui ne sont pas sans nous faire penser aux théories les plus aventureuses du New Age – de nous introduire à des figures et à des conceptions du monde qui nous sont apparemment devenues si étrangères, et dont nous sommes néanmoins, que nous le voulions ou non, les lointains descendants.

    Mais ces mythologies sont-elles vraiment dépassées ? Et ne continueraient-elles pas à se manifester encore aujourd’hui ?

    Je pense que, pour toute personne qui a peu ou prou voyagé en Irlande, dans les Highlandsd’Ecosse, dans les collines du Pays de Galles, ou même dans la Cornouailles anglaise – sans vouloir parler de tout le territoire de la Grande Bretagne - la réponse va quasiment de soi… Mais quant à la France, pays des « esprits forts » et de ceux qui ne veulent pas s’en laisser conter ? Eh ! bien, il suffit de consulter l’ouvrage de Bernard Rio, consacré auVoyage dans l’Au-Delà selon l’imagination des Bretons les plus contemporains, pour s’apercevoir que les mythes n’en ont pas fini de nous abreuver. Que ce soit l’Ankou, le conducteur des morts, ou les annaon, les âmes errantes, comme ils sont encore « vivants » de nos jours ! – tout en se pliant parfois à ce que nos technologies, en particulier informatiques, peuvent offrir de plus moderne – et sans oublier que tous ces mots proviennent d’une vieille racine indo-européenne, *an, qui désigne le vent (d’où, nosanémomètres), et par dérivation, cette âme (anima en latin) qui ne cesse de s’interroger sur son sort.

    Peut-être parce que la science la plus pointue ne peut rien nous dire de ce qui nous attend derrière ce seuil fatidique, et que la mythologie prend là la relève en nous permettant de nous expliquer à nous-mêmes ce qui reste autrement du domaine du mystère ?

    Toujours est-il qu’il faut aussi prendre connaissance de l’étude, rédigée par Claude Lecouteux, ancien professeur à la Sorbonne, et préfacée par Régis Boyer, notre meilleur spécialiste en culture scandinave, sur Les Nains et les Elfes – puisque le succès du Seigneur des Anneaux de Tolkien et des films qui en ont été tirés par Peter Jackson, nous les a largement remis en mémoire… Alors, on a vite fait de s’apercevoir que ces êtres « fantomatiques » ne cessent de nous hanter, et que ce n’était pas pour rien que Siegfried, dans les Nibelungen, s’en remettait à eux pour perpétuer l’Or du Rhin. N’est-ce pas, aussi bien Richard Wagner que Fritz Lang ?

    Bref, des ouvrages à lire de toute urgence pour saisir un peu de notre époque ; pour comprendre comme les mythologies ont encore (nécessairement, pourrait-on presque dire) de beaux jours devant elles ; pour se rendre compte que, au contraire de l’image trop bien convenue, le christianisme dominant en nos contrées ne les a pas forcément éradiquées – mais, devant leurs survivances têtues, a souvent préféré les « baptiser » pour tenter de les « ré-orienter ».

  • Le cul bénit entretien avec Bernard Rio

    Entretien avec Bernard Rio

    - Après votre ouvrage sur les Bretons et la Mort, « Voyage dans l’au-delà » publié en septembre aux éditions Ouest-France, voici que parait en cette fin d’année « Le cul bénit, amour sacré et passions profanes » aux éditions Coop Breizh. N’est-ce pas paradoxal d’écrire sur des thèmes aussi différents ?

    J’ai écrit plusieurs ouvrages qui traitent du patrimoine et de l’environnement avec toujours en filigrane la question de la nature humaine et des relations que l’homme entretient avec la nature. Ces deux derniers livres ponctuent de longues années de recherches et d’études. Ils s’inscrivent dans une même démarche intellectuelle que je pourrai résumer comme une double tentative de réconcilier d’une part les trois plans de l’homme : le corps, l’esprit et l’âme ; et d’autre part d’appréhender les rapports entre l’individu, le couple et la communauté. Dans cet ouvrage, j’analyse les diffférents thèmes érotiques représentés sur les monuments religieux, que ce soit les seins sculptés sur les allées couvertes du néolithique ou les phallus dans les chapelles en Bretagne.

     

    - Ce livre représente combien d'années de travail ?

    Autant que je me souvienne, j'ai dû photographier une première scène au milieu des années "quatre-vingt" dans une chapelle du Morbihan, mais c'est à partir de 2005 que je me suis vraiment interrogé sur le sens de ces motifs récurrents dans l'art sacré. 

    Dans un premier temps, je n'avais pas l’intention d’écrire un livre. Je n’en avais d’ailleurs pas la matière. Mon but était personnel, je cherchais simplement une ou des réponses aux questions que je me posais sur la présence de ces sculptures et fresques bien peu conformes à l’orthodoxie catholique.

    L'accumulation des images dans les chapelles était telle que ce ne pouvait pas être un motif anecdotique. L’idée la plus communément énoncée pour expliquer ces scènes érotiques, à savoir la dénonciation de la luxure pour édifier les fidèles ne me convenait pas davantage qu’une hypothétique volonté licencieuse du sculpteur. Ainsi l'homme au phallus (page 131) est-il visible de tous dans l'église Saint-Jean de Le Croisty (56) tandis que ce n'est pas le cas de la femme qui dévoile son sexe dans l'église Saint-Gilles à Malestroit (56), laquelle est sculptée sur une sablière de la travée nord... Pour édifier, il faut montrer or certaines scènes sont cachées ou placées hors du regard du visiteur. A contrario, pour prendre le contrepied de la morale puritaine tout en évitant la censure, l'artiste doit dissimuler son oeuvre or certaines scènes érotiques sont visibles de tous !

     

    - Le cul bénit, le titre de votre livre résonne comme une provocation !

    Je dirai que ce titre fonctionne d’abord comme une interrogation pour suggérer ensuite une réconciliation entre la chair et l’esprit. Beaucoup de personnes confondent la religion et l’église, la morale et le puritanisme. Or le sanctuaire a été conçu par les batisseurs comme un lieu de rencontre entre la terre et le ciel, un lieu d’harmonie pour que l’homme intègre un plan divin. 

    Il n’y a pas à mon avis à séparer le profane et le sacré. Il convient au contraire de requalifier le plaisir de la chair pour célébrer Dieu sur le modèle des temples hindous par exemple. L’amour charnel peut aussi s’avérer spirituel !

     

    - Peut-on vraiment parler d’une continuité religieuse depuis le néolithique ?

    L’originalité de la Bretagne est de posséder une amplitude historique et une multitude de sources depuis la préhistoire.

    Sur une longue durée, il apparaît que l’homme cherche avec constance les moyens de s’unir à Dieu, que ce soit la Grande Déesse dont les attributs ornent les allées couvertes, les personnages de la sirène ou de la fée, ou encore la sainte Vierge, sainte Anne, sainte Brigitte ou les autres saintes dites à la quenouille. Ce principe féminin est corroboré par son pendant masculin et les représentations ithyphalliques visibles sur les mégalithes, les stèles de l’âge du fer, les chapiteaux romans ou les sabllières de la renaissance. 

     

    - Le postulat de votre livre est que le sanctuaire chrétien aurait conservé les traces de cultes antiques.

    Oui, je l’explique dans cet ouvrage avec le décryptage de plusieurs sites par exemple à Gouézec (29) ou à Rimou (35). Les bâtisseurs du Moyen Âge et les sculpteurs de la Renaissance ont légué un puzzle de scènes dont on ne peut comprendre le sens si on ne cherche pas à interpréter l’ensemble du décor. Le langage des bâtisseurs n’est ni désinvolte ni inintelligible. Isoler une scène érotique d’un ensemble que ce soit par voyeurisme ou par puritanisme, tel l’homme en érection à la croisée du transept de l’église Saint-Jean de Le Croisty (56) où la femme qui dévoile son sexe dans le porche de la chapelle Notre-Dame du Tertre à Chatelaudren (22),c’est tronquer et trahir un schéma symbolique cohérent.

    - Pouvez-vous développer un de ces exemples ?

    Prenons le cas de la dame à la quenouille. C’est à la fois une allégorie de la fileuse du temps qet une représentation de la féminité.

    La dame s’arme littéralement de la quenouille, outil phallique, pour attraper la queue du renard lui ayant volé une saucisse sur une sablière de la chapelle de Krenenan à Ploërdut (56) et de la chapelle de La-Trinité à Cléguerec (56). Le renard ne représente pas seulement le voleur par excellence. Il est aussi celui qui aime les filles. Le renard à deux pattes, « louarn a daou droad » en breton est le coureur de jupons. La dame à la quenouille qui attrape la queue du renard dévorant une saucisse est donc un enchaînement symbolique à plusieurs sens ! C’est en effet lors de la fête des Fous et des carnavals que saucisses et boudins étaient distribués et engloutis par la foule qui entonnait des chants obscènes et mimaient des accouplements lors de danses effrénées.

    Cette interprétation licencieuse de la femme à la quenouille tirant la queue du renard mangeant une saucisse vaudrait également pour une autre version de la dame qui attrape la queue du cochon qui tient entre ses dents la cheville d’un tonneau. Dans l’église Saint-Thomas à Landerneau (29), la dame assise par terre les jambes écartées tient sa quenouille de la main droite et la queue du cochon de la main gauche… tandis qu’un homme s’arc-boute derrière elle en lui tirant les tresses de sa chevelure. Les tresses étant une des marques de la prostituée, le commentaire est aisé. La scène est sans équivoque si on veut bien ouvrir les yeux. Car le tonneau en perce c’est évidemment la femme qui perd sa virginité. Le cochon a tiré la cheville de bois pour s’amuser…L’expression : « Fest an ibil sonn », « le festin de la cheville dressée » signifie une partie de jambes en l’air !

     

    Le cul bénit, amour sacré et passions profanes, Bernard Rio, éditions Coop Breizh, 200 pages, 25 euros

  • Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la Mort, Bernard Rio

    A voir : 

    http://www.youtube.com/watch?v=Bjr1FlIG8Yg&feature=c4-overview&list=UUoARnnA96FMEkaE1_Z3QXbQ


    Entretien avec Bernard Rio

     - Qu'est-ce qui vous à pousser à écrire sur ce thème ?

    Ce livre résulte d’une longue collecte de témoignages, de faits et d’images accumulés depuis une vingtaine d’années, de rencontres et d’interrogations personnelles. Mon environnement familial m’a probablement et naturellement influencé, je pense notamment aux histoires racontées par ma grand-mère originaire de Branderion qui avait la particularité de « voir », c’est-à-dire d’être avertie de la mort de ses proches. Elle racontait ses histoires sans leur conférer un caractère sensationnel car la fréquentation des morts et l’existence d’un autre monde parallèle étaient pour elle des évidences.  Plusieurs décès et obséques dans mon entourage ont également suscité des interrogations quant à la pérennité de certains rites et à la disparition de certains autres. Par ailleurs, je me suis rendu compte que les anciennes pratiques funèbres étaient de moins en moins compréhensibles tout en s’avérant de plus en plus nécessaires pour accepter l’idée de la mort, je pense par exemple à la veillée, au repas de funérailles. …Il m'importait donc de redonner du sens à ces rites et pratiques afin de les partager avec mes contemporains 

      - La mort, les rites, les pratiques funèbres est-ce plus présent en Bretagne que dans d'autres régions de France ? 

    Il existe en Bretagne des relations singulières avec la Mort que je n’ai observées nulle part ailleurs. Outre le personnage de l'Ankou, avatar du dieu celte Ogmios, il y a le bag noz, c'est-à-dire la barque des morts dont Procope cite déjà l'existence au Ve siècle. De même les anaon, "âmes errantes", les saints Diboan, Abibon, Tu-pe-tu- Genefort qui sont les avatars d'un autre dieu celte Sukellos et sont invoqués à la vie et à la mort. La liste de ces particularismes est longue, pour ne citer qu'un dernier exemple : Kidu, le chien noir dans lequel le recteur de Bégard enfermait les âmes damnées et qu'il menait pour le noyer dans le Yeun Ellez, le marais de Brasparts...  

    Paradoxalement, ces relations qui perdurent sont de moins en moins acceptées par une société à la fois laïque et hygiéniste, où la part du sacré et de l’irrationnel est perçue comme un atavisme rétrograde. Ainsi l’existence du mell beniguet, le marteau bénit utilisé dans le pays vannetais pour libérer l’âme du défunt a été considéré comme une pratique barbare à la fois par les esprits cartésiens et le clergé catholique… Or cette pratique originale subsiste au Vatican avec l’usage d’un petit marteau en argent utilisé par le camerlingue pour déclarer la mort du pape, de même les brahmanes vont pratiquer l’ouverture du 7e shakra du défunt avec un marteau symbolique avant de procéder aux funérailles. Cet exemple est révélateur de la complexité culturelle des rites funèbres en Bretagne. C’est à la fois la dimension symbolique des rites et la permanence des pratiques dans la Bretagne contemporaine que j’ai voulu d’abord étudier puis partager publiant cette enquête.

     - La Toussaint n'est pas une fête bretonne ?

    La Toussaint est effectivement une fête chrétienne qui a été superposée à une fête celtique connue des anciens Celtes : Samain. C'est au VIIe siècle que la fête de la Toussaint a été instaurée. Il ne s'agit pas d'une fête des morts mais l'usage ancien de célébrer les défunts à cette occasion a conduit le pape Boniface IV  à créer la fête des défunts, le 13 mai 610, à l’occasion de la dédicace de l’église Sainte-Marie-et-des-Martyrs au lieu et place du Panthéon à Rome. Ce n'est qu' au IXe siècle que le pape Grégoire IV s'est finalement résolu à accepter le culte rendu aux morts les 1er et 2 novembre et donc à christianiser ces fêtes païennes. 

     
    Vous parlez de nouveaux rites funéraires et signes funèbres, quand sont-ils apparus et pourquoi à votre avis ?
     
    Le monde évolue, mais, sur l’échelle du temps, ce que nous appelons autrefois n’est que l’instant d’hier. Aujourd’hui, les Bretons poursuivent les  dévotions sur les tombes, continuent de croire et de voir les « âmes errantes »  les Anaon,  le « messager de la mort » l’Ankou se manifeste toujours ainsi qu’en attestent des témoignages récents collectés dans toute la Bretagne. 
    Les intersignes peuvent désormais se manifester par le biais de la technologie : téléphone, ordinateur, appareil photo numérique… Les morts savent s’adapter aux modes des contemporains, ainsi l’auto-stoppeuse fantôme qui est apparue en Bretagne  voilà une vingtaine d’années peut être considérée comme une variante moderne de la dame blanche !
    Les rites, les pratiques et les phénomènes « surnaturels » perdurent donc. Ils s’inscrivent certes dans un continuum, mais il importe aussi de redonner un sens à cet ensemble de croyances qui ne relève pas de la fiction ou de la psychiatrie, de retrouver une cohérence à la fois cultuelle et spirituelle qui ne s’apparente nullement à un sensationnalisme. 
     
    Pensez-vous que ces histoires ne concernant que les anciennes générations ?
     
    Non, il suffit d’écouter les jeunes d’aujourd’hui et d’observer leur intérêt pour les histoires surnaturelles, notamment les séries télévisées traitant de vampires et autres   sorcières. Les nouvelles générations naviguent entre la réalité du quotidien et la virtualité des jeux sur internet et du cinéma. Mais les pratiques et croyances des Bretons sont bien plus complexes que la matière exploitée par la littérature fantastique ou les séries télévisées qui confondent, dans un même bric à brac puéril, fantômes, esprits, spectres, vampires et démons. L’autre monde n’est pas peuplé de figurants et de chimères qui disparaissent en fumée après un signe de croix. Il ne suffit pas d’une aspersion d’eau bénite pour éloigner l’âme en peine, pour protéger le vivant et pour refermer la porte au passage de l’âme. 
    Au XXIe siècle, le passage de l’au-delà reste ouvert, dans un sens et dans l’autre. Cette simple perspective relativise les signes de désagrégation de la pensée contemporaine.
    Certes, les hommes ne décèdent plus à leur domicile, les défunts ne sont plus inhumés au centre du village, l’incinération devient de plus en plus “tendance”, l’Église catholique n’est plus la vigie morale de la société  moderne… Tous ces changements voire cette perte de repères désorientent les vivants et les morts, mais l’oubli et la relégation des trépassés ne sont que des échapatoires, des dénis intellectuels pour celui qui refuse de dépasser la dualité et se limite à ce que saint Bernard appelait « l’homme charnel ». La Mort n’est pas une légende pour répondre un siècle plus tard à Anatole Le Braz, auteur en 1893 de la fameuse  légende de la mort.
     
     
    Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la Mort, Bernard Rio, éditions Ouest-France 2013

  • Le cul bénit : amour sacré, passions profanes, Bernard Rio

    Le cul bénit : amour sacré et passions profanes

    Bernard Rio, préface Michel Maffesoli, édition Coop Breizh

    Parution le 7 décembre 2013 et présentation à la librairie Coop Breizh, rue Elie Fréron à Quiimper (29)

     

    Préface de Michel Maffesoli

    Des penseurs comme Nietzsche ont rendu attentif à cette « magie des extrêmes ». Manière, pour lui, de renverser les barrières établies par la bêtise philistine. Mais également force agissante d’une sagesse humaine fondée sur l’acceptation de ce qui était considéré comme le Mal. L’intérêt du livre de Bernard Rio est de montrer que , sur la longue durée, et fortement enracinée dans la vie quotidienne, ce que le moralisme "bien-pensant" nomme excès est au fondement même de tout vivre-ensemble. Telle est bien l’essentielle "leçon" que nous donne  LE CUL BÉNIT !

    G. Bataille , dans toute son œuvre, a montré la puissance de «la « dépense » dans la constitution de l’homme souverain. Cet « homme du surcroît » qui ne s’accommode pas des petitesses comptables. Sans oublier G. Deleuze : « nous nous servons de l’excédent pour inventer de nouvelles formes de vie ». Même si cela n’est pas conscientisé ou verbalisé en tant que tel, c’est bien ce souci d’un qualitatif qui semble prévaloir dans la vie de tous les jours. Créer sa vie, créer dans sa vie. Jouir au présent de ce qui est donné à vivre. Voilà bien la sensibilité à l’œuvre dans l’élaboration de ces « lois » particulières, officieuses, souterraines mais dont l’efficace est, de plus en plus, évident.C’est bien ce que résume l’auteur lorsqu’il declare : “ l’amour charnel peut aussi s’avérer sprirituel”

    J’ai parlé, pour ma part, d’une « éthique de l’esthétique » comme un écho diffus au panache du Cyrano d' E. Rostand : « c’est bien plus beau lorsque c’est inutile ». Inutilité ambiante. Voilà bien quel pourrait être le modus operandi d’un monde que l’on n’entend plus dominer, mais dont on veut, tant bien que mal, jouir. Avec érudition et humour, B.Rio nous fait “déambuler dans les champ mégalithiques ou les chapelles” à la recherche de cette nécessaire inutilité ciment ( ethos) de tout socialité

     Ainsi que le remarquait le sage Montaigne : « les hommes aux faits qu’on leur propose s’amusent plus volontiers à en chercher la raison qu’à en chercher la vérité. Ils laissent là les choses et s’amusent à en traiter les causes » (III, 13). Avec une gradation judicieuse : "Préhistoire amoureuse", "Les Sirènes de l’amour", "Un culte pas catholique", "Le langage du corps", ce livre nous permet de rester aux choses mêmes. En ne les maltraitant pas, ne les surplombant pas, il souligne le désengagement radical vis-à-vis de l’utilitarisme du moralisme marchand.Ce qui est nommé une "juxtaposition des symboles" montre bien cette intemporelle “quête du Graal” suscité par la nostalgie de ce que je nomme  "ordo amoris".

    Par ce que B.Rio nomme "Le beau Dieu", on entre dans une "connaissance progressive" de la déité. Ainsi   l’homme peut comprendre l’ordre divin, "le contempler et contribuer à l’harmonie universelle". Ce qui renvoie à un être englobant : celui de la raison et du sensible. En d’autres termes autant la recherche de l’au-delà, d’une essence des choses a pu être le fondement d’une vision morale du monde, autant l’éthique mettra l’accent sur l’existence en ce qu’elle a d’impulsif, d’instinctuel, de pré-conscient, en bref de jouissance animale. Forme primaire ! Elan vital

    Le lecteur suivra, avec délice existentiel et intérêt de connaissance, la déambulation que propose B.Rio au travers de ces lieux saints dont il connaît la vraie signification: celle du symbole constitutive d’un éternel inconscient collectif . Ainsi l’on entrera , progressivement, dans une conception cosmogonique qu’exprime le lieu saint qui est, comme le dit bellement l’auteur « le milieu du monde… centre de communication entre le plan terrestre et le plan céleste ». Organicité du matériel et du spirituel, du bien et du mal, en un centre de l’union enrichi des contraires.

     

     

    Michel Maffesoli

    Professeur à la Sorbonne

    Institut universitaire de France

    Administrateur du CNRS

     

     

    Sommaire

    Préface Michel Maffesoli

    Introduction

    I Préhistoire amoureuse

    La grande Déesse

    Le bon Dieu

    Fuseau et quenouille

    De chair et de pierre

    Vénus au bain

    Cupidon, Éros et Guernichon

    II Les sirènes de l’amour

    Femmes à la fontaine

    Aux sources de l’amour

    Le pied du saint et la fille épinglée

    La fée et la sirène

    L’être et le paraître

    Le peigne et le miroir

    Belle de mer

    Centaure lubrique

    III Un culte pas catholique

    Scheela

    Mauvaise fille et Notre-Dame

    Sein et sainte

    Les trois seins de Gwenn

    Cul nu

    IV Le langage du corps

    Le sexe des anges

    Baiser et embrasser

    Le péché de chair

    Le chant des grenouilles

    L’évangile des quenouilles

    Le principe du mâle

    Le chien, l’androgyne et le satyre

    Le règne du petangueule, du chieur et du lèche-cul

    Un monde de fous

    Les danseurs endiablés

    Conclusion

    Lexique/Glossaire

    Index géographique

    Index des noms propres

    Index thématique

    Bibliographie

     

     

    Introduction Bernard Rio

    Le cul-bénit associe la partie cachée du corps et l’esprit bien pensant. Cet oxymore qui acoquine la chose dont il ne faudrait pas parler et la morale qu’il faudrait suivre, joue avec les mots et les concepts, en juxtaposant le derrière de l’homme et la vitrine de la religion, l’image de l’un et l’imagination de l’autre permutant aisément !

     

     

    Le cul-bénit : ces deux mots qui désignent à l’origine le paroissien si confit de dévotion qu’il en oublierait l’œuvre de chair, ce bon mot et ce gros mot qui ne vont prétendument pas ensemble, ce mot qui place les idées sous la ceinture et cet autre qui élève l’esprit, cette expression improbable, tout cela se révèle finalement pertinent pour évoquer ce que chacun peut voir ou ne veut pas voir, ce qui est caché et ignoré dans la nature et dans l’architecture, dans le cœur de l’homme et dans l’âme du monde, dans le microcosme et le macrocosme.

    En visitant les sanctuaires bretons, je sentais confusément qu’il existait une cohérence entre le lieu et l’esprit du lieu, entre la forme et la fonction. Je pressentais que l’image licencieuse ne se réduisait pas à une vulgaire exhibition. J’en ai cherché la clé dans les livres et les bibliothèques, accumulant les traités d’art sacré et effeuillant les ouvrages érotiques, ouvrant les portes des chapelles et papillonnant sur les blogs coquins. La quête fut souvent vaine, tant dans les discours orthodoxes des docteurs de l’art chrétien que dans les propos superficiels des jouisseurs. La porte s’entrouvrit une première fois en lisant la topographie légendaire de Claude Gaignebet et de Jean-Dominique Lajoux, en particulier leurs interprétations symboliques de la chapelle de Berzé-la-Ville (71) et de l’église de Commensacq (40). L’ethnologue et mythologue Claude Gaignebet redonnait du sens en raccordant l’architecture, le paysage, le calendrier, l’étymologie, le folklore et la mythologie. Il dépassait en les amplifiant les travaux d’Arnold van Gennep et Henri Dontenville. « Un site constitue, selon nous, une sorte de réseau qui, à partir des toponymes, relie les vestiges archéologiques, les fêtes calendaires, les monuments et les œuvres d’art sacré. Dans la plupart des cas, le travail de reconstitution d’un paysage mythique cohérent est aléatoire et les chaînons manquent » (Claude Gaignebet et Jean-Dominique Lajoux, « Art profane et religion populaire au Moyen-Âge » Presses universitaires de France, 1985).  En parcourant le réseau de la Bretagne sacrée, je me suis à mon tour évertué à relier les lieux et les rites. Mes yeux se décillaient, toutefois la matière qui s’offrait à mon regard demeurait hermétique, complexe, voire contradictoire et incompréhensible.

    C’est hors d’Europe et hors du champ moderne que j’eus le déclic. Je dois à Alain Daniélou de m’avoir ouvert la porte invisible. Claude Gaignebet m’avait apporté une hauteur et une amplitude de vue qui me permettaient d’englober un site, Alain Daniélou m’offrait la pratique religieuse. C’est en lisant les premières lignes de l’ouvrage qu’il consacra en 1977 au temple hindou, que je compris la nécessité de changer mon regard sur le sanctuaire breton et son décor pour les appréhender et les apprécier pour ce qu’ils devaient être. « Le temple hindou n’est pas un lieu de réunion où s’assemblent les fidèles. C’est, dans un endroit choisi pour des raisons magiques, un édifice construit dans le but de capter des influences subtiles. C’est un centre magnétique grâce auquel des prêtres, magiciens qualifiés, vont pouvoir au moyen de rites évoquer la présence réelle d’une divinité. C’est donc un centre de communication entre deux mondes qui se côtoient et s’entremêlent et pourtant s’ignorent, un peu comme un récepteur de radio permet de capter et de révéler des ondes partout présentes mais non perçues », écrit Alain Daniélou (Alain Daniélou, « Le-Temple-Hindou » éditions Buchet-Chastel, 1977). Certes le clergé séculier breton n’est plus depuis belle lurette composé de magiciens qualifiés, mais constitué d’animateurs sociaux plus ou moins motivés et moins que plus cultivés. À défaut des prêtres épris de spiritualité, il subsiste les lieux dont chacun peut chercher le sens. Chacun voit selon son degré de conscience.

    Le point de vue d’Alain Daniélou induit que le sanctuaire est une continuité du monde divin et qu’il existe « une interdépendance absolue entre ces divers aspects de ce que nous appelons l’existence, la réalité ». Partant de ce principe, j’ai adapté au sanctuaire breton les règles du temple hindou en revoyant les formes, les orientations, les dimensions, les dédicaces, le calendrier et les rites qui font de ces lieux des centres d’énergie. La présence d’une sculpture sur un chapiteau roman ou sur une sablière de la Renaissance opère dès lors que l’homme déambule dans le bon sens et élève son esprit en corollaire à son regard. A contrario, regarder sans conscience et à contresens un personnage ithyphallique ou une « sheela na gig » peut induire un basculement, une inversion, une aversion ou un envoûtement.

    Supposer que le phallus ou la vulve exposés au vu et au su de tous est un divertissement d’artisan ou une représentation du péché, c’est méconnaître la structure du sanctuaire et la pensée traditionnelle.

    Le décor n’est pas anodin. De même que les astres influent sur le règne végétal et le règne minéral, il existerait des relations subtiles entre les règnes animal, végétal et humain. Au temple et à son décor correspondraient l’homme, ses organes et ses humeurs. Le sanctuaire breton posséderait l’équivalent des chakras hindous, des seuils pour sentir et percevoir une autre dimension.

    Résultat de longues années d’errance et de tâtonnement, puis de réflexion sur le sexe et la religion, cette étude induit des retrouvailles. L’erreur serait en effet de séparer le profane et le sacré, de disqualifier l’un pour célébrer l’autre car le sujet n’est pas frivole et l’exhibition d’un cul n’aiguise pas seulement les sens physiques. L’amour charnel peut aussi s’avérer spirituel ! La voie de Dieu peut aussi emprunter le chemin des Dames. Aux grenouilles de bénitier font écho les vêpres des grenouilles.

    Ce n’est point avec des préjugés qu’il convient de déambuler dans les champs mégalithiques ou les chapelles, car l’apparence est souvent un voile qu’il faut soulever pour apercevoir, apprendre et comprendre le sens de la déesse du soir et du démon de midi. La quenouille du diable et le fuseau de la Vierge sont indissociables sur le rouet cosmique.

    Les bâtisseurs du Moyen Âge et les sculpteurs de la Renaissance ont légué un puzzle de scènes dans l’ombre de la voûte et dans la lumière du chœur, scènes dont on ne peut comprendre le sens si on ne cherche pas à interpréter l’ensemble du décor et si on sépare le motif du lieu. L’analyse symbolique est complexe. En 1908, dans son monumental ouvrage « L’art religieux de la fin du Moyen Âge en France », Émile Mâle (1862-1954) soulignait : « Au XVe siècle comme au XIIIe siècle, il n’est pas une œuvre artistique qui ne s’explique par un livre. Les artistes n’inventent rien ; ils traduisent dans leur langue les idées des autres. Pour expliquer une œuvre d’art du XVe siècle, les fines remarques de l’amateur, ses vues les plus ingénieuses ne sauraient suffire. Il ne sert à rien d’essayer de deviner, il faut savoir. Il faut trouver le livre que l’artiste a eu sous les yeux, ou, tout au moins, si l’on ne peut nommer un livre, il faut faire comprendre de quel grand travail de la pensée religieuse son œuvre est sortie. La lecture des théologiens, des mystiques, des hagiographes, des sermonnaires, du XIVe au XVIe siècle était donc une des parties essentielles de notre tâche. Cette méthode quand il s’agit de l’art du moyen âge, est la seule qui puisse être féconde : on atteint ainsi jusqu’aux sources profondes de la vie morale du temps ». L’historien de l’art avait raison mais il convenait d’y associer la mythologie et le folklore, puis d’apprendre la langue d’Hermès, ce qui suppose d’identifier le symbole et de l’articuler avec un ensemble. Le langage des bâtisseurs n’est ni désinvolte ni inintelligible. Il se réfère à une culture structurée et est un enseignement. Isoler une scène pour justifier une théorie, ce serait tronquer et trahir un schéma cohérent. L’historien de l’art ne peut faire abstraction de l’archéologie et de la mythologie dont les traces se prolongent dans les croyances populaires et le folklore. Isoler un élément, ce serait aussi négliger la comparaison et réduire le sujet à une catégorie, ainsi la représentation dans le porche sud de la chapelle Notre-Dame-du-Tertre à Chatelaudren (22) ne serait aux dires de certains qu’une personnification de la luxure ! Or, cette acrobate n’ouvre son sexe qu’au regard des seuls ignorants si envoûtés par le spectacle qu’ils en oublient de regarder autour, de suivre la chasse sculptée du porche qui métamorphose cette proie en une initiatrice matricielle tandis que les fresques intérieures offrent la perspective d’une divinité virginale associée à sainte Marguerite !

    L’originalité de la Bretagne est de posséder une amplitude historique et une multitude de sources. Il serait d’ailleurs plus judicieux d’évoquer une évolution des techniques et des formes depuis l’antiquité voire depuis la préhistoire qu’un changement structurel tant la symbolique s’inscrit dans un temps mythique. L’art d’aimer se décline à la fois dans les tracés du néolithique, dans la sculpture romane du XIIe siècle, sur les sablières du XVIe siècle, dans la légende grivoise et dans la chanson courtoise. Cet art dans les chapelles est hors du temps. Il ne relève pas uniquement d’une époque où les bâtisseurs illustraient davantage la connaissance que le savoir. Cet art est aussi étranger au dogme. Il n’appartient pas aux docteurs de la foi. Cet art est une manifestation sacrée, l’écho d’une civilisation où se conjuguent l’élan terrestre de la grande déesse honorée par le peuple des mégalithes et la flamme céleste des pasteurs indo-européens.

    La juxtaposition des symboles est en réalité une superposition et une conjugaison qui s’inscrivent dans une durée. Aux mélanges primitifs, succède le roman d’amour du XIIe siècle. La littérature courtoise et la pensée mystique puisent leur inspiration dans les sources de la mythologique celtique. La quête aventureuse du Graal bouleverse alors les codes chrétiens, pénètre dans les livres de pierre et les parchemins. La culture du moyen âge est janusienne, ce que Marie-Madeleine Davy a mis en évidence dans « Initiation à la symbolique romane » en 1977, l’année même où Alain Daniélou publiait « le temple hindou ». « L’amour de Dieu se suffit ; l’amour charnel peut se suffire. ce dernier n’est point d’ailleurs privé de signification : il s’exprime dans un ordre de beauté et de poésie. Défions-nous des esprits dévots qui risquent toujours de discerner des grimaces dans ce qui leur échappe ». (Marie-Madeleine Davy, « Initiation à la symbolique romane », éditions Flammarion 1 977)

    Il n’y a pas au Moyen Âge une opposition absolue entre le sacré et le profane. La séparation qui va apparaître et s’accentuer au cours des siècles ultérieurs pour culminer à partir du XVIIIe siècle introduit l’idée d’une dualité entre la chair et l’esprit. De cette distinction naquit une confusion intellectuelle et spirituelle où la honte, la violence et la dévotion prévalurent sur la beauté, l’équilibre et la connaissance.

    En modifiant sa façon de pensée et sa manière de se comporter, l’homme a refermé la porte du temple intérieur. Il a nié la chair ou déifié l’esprit et vice-versa, se réfugiant dans les extrêmes de la concupiscence et de la mortification, de la pulsion et de la raison. Le paradoxe du cul-bénit, qui dévoie le profane et le sacré, était né. C’est donc à un va-et-vient entre la préhistoire et les temps modernes, à des retrouvailles et des épousailles que cet ouvrage invite le lecteur et le promeneur, retrouvailles avec la chair et avec l’esprit, pour réapprendre l’amour dans les chapelles et dans les corps, pour bénir le cul et pour affranchir l’âme de l’esprit pompeux.

     

     

     

     

     

  • Voyage dans l'au delà : les Bretons et la mort

    Quelques notes de lecture et liens relatifs au livre de Bernard Rio  "Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la Mort" éditions Ouest-France

    - reportage France 3 Bretagne 1er novembre 2013 :

    http://bretagne.france3.fr/2013/11/01/l-enfer-breton-est-froid-comme-les-landes-349705.html

     

    un reportage sur tebesud consacré à "Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la mort".
    TébéSud - vendredi 25 octobre 2013 - 18h00
    www.tebesud.fr

     

    - émission Thé ou café sur France 2 dimanche 6 octobre :

    http://the-ou-cafe.france2.fr/index-fr.php?page=emission2&id_article=5740

     

    Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la Mort... présenté dans l'émission Thé ou café sur France 2
    Emission - THE OU CAFE - France 2
    the-ou-cafe.france2.fr
    THE OU CAFE

     

     

    - émission Radio Alpha 10 octobre 2013 :

     

    Voyage dans l'au delà : les Bretons et la Mort" sur Radio Alpha le 10 octobre
    Diocèse de Rennes
    rennes.catholique.fr
    Site officiel de l'Eglise catholique en Ille-et-Vilaine, Rennes, official website of Ille-et-Vilaine's catholique church

     

    - émission radio Bro Gwened :

    http://www.radiobreizh.net/fr/episode.php?epid=7623

     

    RADIO BRO GWENED TOSTIK-TRA DEOC'H !

    EMISSION MEGAPHONE - EPISODE DIFFUSÉ LE 17.09.2013

    31 minutes

    LES BRETONS ET LA MORT

    Avec : Bernard Rio

    Episode animé par : Olivier Le Clainche

    Bernard Rio, auteur du livre « Voyage dans l'au-delà », nous parle des croyances et des rites liés à la mort en Bretagne. Intersignes, mel beniget, ankou, lavandières de la nuit, danse macabre, âmes errantes et revenantes...tant d'images et d'histoires, qui entretiennent la relation des bretons à la mort.

     

    article contrepoints:

     

    http://www.contrepoints.org/2013/11/01/144528-voyage-dans-lau-dela

    Voyage dans l’au-delà

    Publié le 1 novembre 2013 dans HistoireLecture

    Bernard Rio, spécialiste des cultures indo-européennes, nous entraîne à travers les siècles et les millénaires pour explorer les rites chrétiens de la mort.

    Par René Le Honzec.

    Voyage-au-delaDes milliers de Français vont encore une fois, rituellement, envahir les autoroutes à péages et les voies à écotaxe différée à l’occasion des fêtes de la Toussaint (1ernovembre) et de la fête des Morts (2 novembre). Beaucoup en profiteront (mais de moins en moins) pour aller se recueillir sur les tombes de parents décorées de chrysanthèmes en promo dans les grandes surfaces. Peu sauront pourquoi, déchristianisation oblige et laïcité contraint. Fixée en 835 par le Pape Grégoire IV au 1ernovembre, la fête des Morts catholique chevauche les trois nuits de Samain, fête celtique par laquelle, pendant quelques jours, les hommes ont accès à l’Autre Monde.

    C’est tout le talent de Bernard Rio, journaliste, écrivain, spécialiste des cultures indo-européennes que de survoler siècles et millénaires pour décrypter les rites chrétiens d’aujourd’hui, plus ou moins catholiques, à la lueur de la tradition. « Les Morts instruisent les Vivants » écrivit Chateaubriand. « Il y a beaucoup à apprendre en écoutant et en étudiant les morts, tandis que nier l’Au-delà n’est pas s’en affranchir » poursuit l’auteur, qui «  s’élance sur les traces d’Anatole Le Braz auquel on doit La légende de la Mort chez les Bretons Armoricains, mais en faisant œuvre d’ethnologue et d’anthropologue, car il embrasse un très large panorama » précise Claude Lecouteux, professeur émérite à la Sorbonne dans son élogieuse préface.

    Pour autant, si ce livre est savant par sa teneur, il est passionnant en sa lecture, épicée de multiples exemples et anecdotes qui illustrent  tous les stades de la mort, depuis son annonce, ou plutôt ses annonces, jusqu’au retour des Âmes errantes. Les intersignes, avertissements, messages que l’Autre Monde adresse aux vivants qui étaient autrefois familiers et aisés à décrypter sont aujourd’hui inaudibles à une société qui achète Halloween à domicile et fait mourir ses vieux ailleurs. Pourtant, en 2004, le répondeur de Lisa M., à Lorient, enregistre le message de vœux d’anniversaire de sa sœur, décédée un an auparavant. Homme de terrain autant que de livre Bernard Rio a recueilli toutes sortes de confidences, visité et photographié les lieux de mémoire, depuis les chapelles jusqu’aux tombes de dévotion, comme la « tombe à la Fille » qui fait l’objet d’un culte suivi depuis la révolution ou « le chêne à la Vierge » serti de dizaines de statuettes votives. Il remonte jusqu’aux pieds sculptés du Petit-Mont en Arzon (56), 5000 ans avt J.-C., pour expliquer le culte de Saint Mélar et les amputations rituelles. « Le rituel funèbre observé depuis plusieurs siècles sur les tombes doit être réinterprété pour retrouver toute sa superbe symbolique. Il possède plus qu’une valeur historique. Il ouvre une voie spirituelle. » Ainsi le personnage de l’Hankou, valet de la Mort, est-il relié au dieu gaulois Ogmios, et le culte des Têtes, retrouvé dans les Mabinogion gallois, fait écho aux témoignages des historiens de l’Antiquité Posidanios d’Apamée et Polybe sur les Celtes.

    Ainsi le livre est-il aussi  fortement et rigoureusement structuré à l’image du squelette de la Mort dans les danses macabres moyenâgeuses des chapelles bretonnes : l’annonce de la Mort, la Mort, le culte des Morts, l’Au-delà.

    Mais il est aussi charnu de ses multiples chapitres et histoires qui laissent un goût de vivant : le chien de l’Enfer, la roue du temps, l’arbre des morts, la barque de nuit, les aboyeuses de Josselin, les lavandières de la nuit, la lanterne des morts, l’auto-stoppeuse fantôme, les Âmes des noyés, les Passeurs d’Âme, la charrette grinçante de l’Ankou… Le « meil béniget », le « Marteau bénit », utilisé pour hâter le trépas de l’agonisant souffrant était posé sur le sommet du crâne, au point correspondant à la grande fontanelle et le 7ème chakra, pour ouvrir symboliquement la boîte crânienne afin de délivrer l’Âme. Souvent relatées comme des légendes et superstitions, ces faits ou phénomènes vous frôlent encore aujourd’hui, à vous de ressentir le frisson de l’intersigne, comme le concierge du lycée de Pontivy qui côtoie le fantôme du moine défroqué du XVIIème siècle.

    L’auteur est aussi photographe de talent et l’ouvrage fourmille d’images belles et fascinantes. Qui illustrent superbement les propos parfois étonnants : ainsi, ces Âmes en attente qui apparaissent sous formes « d’orbes » grâce au numérique. Et si vous peinez à croire que nombre d’églises et de chapelles furent construites sur des critères telluriques, penchez-vous sur les photos p.110, les « pierres des morts ». Endroit spécifique de l’édifice pour faciliter le départ de l’Âme du défunt. J’ai personnellement, en ma paroisse, détecté le réseau tellurique et constaté son utilisation pour ordonner la chapelle de Locmaria sur ses axes principaux. Oui, la « Pierre des morts », dallage particulier, matérialisait le vortex reliant par un tourbillon d’énergie les niveaux telluriques et célestes. Le défunt placé à cet endroit, le prêtre officiant à partir du vortex placé au pied de l’autel (en réalité, l’inverse : l’autel est placé devant le vortex), pouvait utiliser ce puits d’énergie comme un courant ascensionnel pour expédier l’Âme du Mort de bas en haut, au-delà du ciel, dans le cosmos.

    L’Église a oublié tout cela et renié beaucoup de ces rituels ; elle ne sait plus construire des lieux où souffle l’esprit.

    La mort n’est pas une légende. Le fantôme n’est pas un fantôme. La hantise demeure. L’Âme veille et anime l’homme intérieur tandis que le spectacle agite le monde. Au XXIème siècle, le passage de l’Au-delà reste ouvert, dans un sens comme dans l’autre. Bernard Rio n’hésite pas à convoquer au tribunal des Âmes Descartes, Saint Augustin, Einstein, Newton, Kant, le Pseudo-Denis l’Aéropagyte, Mircea Eliade, Chateaubriand, Flaubert, Arnold Van Gennep ou Ogmios. Je vous convoque aussi, amis libéraux-libertaire de l’ancienne Gaule Celtique devenue France devant cet ouvrage pour y trouver des réponses au spirituel, nous qui nous en posons tant au temporel économique sans pouvoir toujours y répondre…

    — Bernard Rio, Voyage dans l’Au-delà, Les Bretons et la mort, Éditions Ouest-France, septembre 2013, 287 pages.

    http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Un-Voyage-dans-l-au-dela-a-ne-pas-manquer-_35238-avd-20131030-66240741_actuLocale.Htm

    Un Voyage dans l'au-delà à ne pas manquer - Rennes

    mercredi 30 octobre 2013
    Bernard Rio, auteur de « Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la mort » (éditions Ouest-France).

     

    Dans son dernier livre, Bernard Rio fait l'inventaire des relations entre les Bretons et la mort. Conférence à Rennes, ce soir.

     

    On ne veut plus la voir, ni la côtoyer, on n'y pense plus, trop occupés que nous sommes à tous à vouloir rester jeunes... et pourtant. Il nous faudra bien mourir un jour. Cette vérité devrait nous inciter à voir la vie différemment, à nous préoccuper de l'éventualité d'un au-delà. Les hommes le font depuis la nuit des temps, et en Bretagne plus qu'ailleurs.

    C'est ce que nous enseigne le dernier ouvrage de Bernard Rio, Voyage dans l'au-delà, les Bretons et la mort (Éditions Ouest-France). Inventaire de ce que furent les relations entre les Bretons et la mort, livre d'histoire et d'histoires, guide pratique richement illustré, il nous dit tout des intersignes, des dames blanches et des lavandières de nuit, des chiens de l'enfer, de l'Ankou, de l'Anaon et des secours de la religion pour sauver son âme.

    On y perçoit la formidable richesse d'une culture nourrie de merveilleux, dans lesquelles les passerelles entre monde des vivants et monde des morts sont réalité. Mais pour combien de temps encore ?

    « Aujourd'hui, une rupture pourrait être perceptible dans l'espace et dans le temps,s'inquiète Bernard Rio. Le Breton ne meurt plus chez lui. Les enterrements sans sacrements se multiplient et la crainte de passer pour un primitif superstitieux refrène désormais quiconque de confier ses visions et perceptions de l'autre monde à ses proches... Cette distanciation est évidente, mais paradoxalement, la proximité avec l'au-delà demeure ! »

    L'auteur en est convaincu au point de conclure son récit sur de mystérieuses photos d'orbes et de très contemporaines histoires de fantômes. Curieux. Fascinant. Un vrai voyage.

    Ce mercredi 30 novembre, à 18 h 30, à l'Espace Ouest-France, rue du Pré-Botté. Rencontre avec Bernard Rio autour de Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la mort(Éditions Ouest-France, 287 pages, 28 €). Proposé par l'association La Bouèze. Entrée libre.

     

    Stéphane VERNAY.

     

     

     

     

    article ABP :

    http://www.agencebretagnepresse.com/fetch.php?id=31494&title=Des+morts+errent+parmi+nous+jusqu

    Des morts errent parmi nous jusqu'à la Fin du Monde
    www.agencebretagnepresse.com
     

     

  • préface "Voyage dans l'au delà : les Bretons et la Mort" par Bernard Rio

    Voyage dans l'au-delà, les Bretons et la Mort

    Bernard Rio

    éditions Ouest-France

    Préface de Claude Lecouteux,

    professeur émérite à La Sorbonne

    Parmi toutes les interrogations humaines, la mort occupe une place centrale et l'histoire des mentalités en témoigne à l'envi. Bernard Rio nous emmène ici à la découverte des croyances et des rites liés au trépas dans une province possédant une très forte identité culturelle, la Bretagne armoricaine.

    Au cours des dernières décennnies, la mort a fait l'objet de recherches approfondies qui ont considérablement éclairé le sujet. En étudiant un autre terroir, le Pays-de-Galles, Marie Capdecomme a traité de la survie des morts[1]; Christophe Pons a fait de même pour l'Islande; Lutz Röhrich a abordé les rapports de la danse avec la mort, Rainer Stöckli s'est penché sur la danse macabre[2], Holger Muench[3] s'est occupé de la culture sépulcrale qui possède son propre musée de puis 1992, à Kassel; divers chercheurs ont traité de la mort dans les temps anciens[4] et des dialogues avec elle[5]; Laurent Guyénot s'est occupé de l'imaginaire de la mort dans les romans féeriques[6], Florence Bayart des Arts du bien mourir, Valérie Gontero de la parure des défunts[7], Bettina Spoerri des discours religieux et didactiques sur la mort[8]… La mort des Grands a fait l'objet d'un numéro spécial[9], l'entre-deux-mondes, celui de plusieurs colloques[10].

    Avec une grande logique, Bernard Rio s'élance sur les traces d'Anatole Le Braz, auquel on doit La Légende de la mort chez les Bretons armoricains, mais en faisant œuvre d'ethnologue et d'anthropologue car il embrasse un très large panorama. S'il se cantonne à une province, c'est qu'elle est particulièrement riche et possède des traditions remontant fort loin dans le temps. Or, justement, Bernard Rio s'attache à repérer tout ce qui a pu subsister d'anciens rituels et de personnages celtiques, dieu aux liens, etc.

    Les différents chapitres de cette magistrale synthèse nous confrontent à un ensemble de pratiques qui ont pratiquement disparu de nos jours, bien que Bernard Rio donne quelques témoignages modernes surprenants. C'est un livre des plus complets, qu'on en juge ! Le lecteur y apprend tout ce qu'il a jamais voulu savoir sur les intersignes, la mort, le marteau de la bonne mort, le décès, la toilette funèbre, l'habillement du défunt, les dons mis dans le cercueil – des chaussures par exemple car le de cujus va entreprendre un voyage -, la veillée, la cérémonie de funérailles, avec la réponse à la question: pourquoi place-t-on la bière dans l'église au centre du transept? Bernard Rio partage aussi avec nous les résultats des découvertes archéologiques, comme ces lourdes pierres posées sur le défunt, ou ces pierres déposées dans la bouche, ou encore les morceaux de fer clouant le corps dans la tombe, indices certains de la peur d'un retour du mort. Il nous explique la coutume de conserver les crânes alors que le reste du squelette rejoint l'ossuaire et la met en rapport avec la pratique des têtes coupées chez les anciens Celtes et rapproche des saints céphalophores. Il nous livre de passionnantes remarques sur l'emplacement de la tombe, dans ou hors du cimetière, sépulture sur laquelle vont se développer des pratiques de dévotion populaire et, au passage, sait nous parler des lanternes des morts, de l'inhumation dans l'église, de la commémoration des défunts à la fête de Tous les Saints qui, semble-t-il, a remplacée celle de Samain chez les Celtes et qui a été folklorisée en Halloween, des chevaux psychopompes. Il sait nous parler de l'arbre des morts, et on se souviendra de la croyance voulant que certains défunts fassent leur purgatoire dans un arbre. Il rapproche cet arbre de l'if de Ross et de Mugna (Irlande) et en décrypte le symbolisme...

    Les crimes et les châtiments sont une autre facette du sujet, et Bernard Rio montre combien de conséquences ils appellent, que ce soit en marquant la terre, en la stérilisant, c'est-à-dire en la tuant, et les emplacements ainsi marqués sont les soutiens de la mémoire ; on notera que, parfois, un phénomène naturel – des traces sur le sol – donnent lieu à des légendes étiologiques...

    La dimension iconographique n'est pas ignorée : Bernard Rio s'occupe aussi, par exemple, des représentations de l'Ankou et de la composition des retables. Il recense avec minutie tous les saints bretons qui touchent, de près comme de loin, au trépas.

    Son ouvrage ne se contente pas d'un simple recensement : ses analyses font une large part à la diachronie avec, par exemple, un exposé sur toutes ces tombes datant de la révolte des Chouans. Et puis, last but not least, son chapitre sur l'au-delà nous parle des fantômes qu'il nomme joliment « les âmes récalcitrantes », et des revenants de toutes sortes, avec des exemples parfois récents, comme lorsqu'il nous conte l'histoire d'auto-stoppeuses fantômes, un must des légendes urbaines[11] ! Tous ces mal morts, ceux dont le trépas a abrégé la durée de vie fixée par le destin - assassinés, péris en mer, insepulti, etc. - prennent de multiples formes dont l'une des plus connues est celle des lavandières de nuit, si bien représentée en 1861 sur un tableau de Yan' Dargent et que l'on peut admirer au Musée des Beaux-Arts de Quimper, ou celle des aboyeuses, des lavandières condamnées à aboyer comme des chiens pour avoir refuser d'accueillir la Vierge. Bernard Rio établit ici un parallèle avec un épisode de la mythologie irlandaise qui met en scène Cuchulainn, mais je crois que l'on pourrait aussi songer à un épisode de la vie de saint Patrick ; Giraud de Barri (1146-1223) raconte en effet ceci dans sa Topographie de l'Irlande (II,19) :

    « Les Irlandais se mirent un jour à hurler comme des loups contre saint Patrick qui leur prêchait la religion chrétienne. Pour que leurs descendants aient un signe visible du manque de foi de leurs ancêtres, le saint obtint de Dieu que certains d'entre eux fussent transformés en loups pendant sept ans et vivent dans les bois à la manière des animaux dont ils avaient pris l'apparence. »

    Nous rencontrons enfin la Chasse sauvage[12], cortège de damnés, et le chasseur maudit pour avoir transgressé un interdit religieux.

    Ce livre d'une grande richesse montre combien la vie et la mort interfèrent, combien ici-bas et au-delà coexistent, combien il existe de passages entre les deux mondes, passages temporels ou, plus rarement, locaux, combien les défunts ne disparaissent jamais totalement selon les anciennes croyances. Ils parlent, agissent, se manifestent, avertissent, conseillent, dansent, laissent des traces, sont parfois dangereux et doivent être exorcisés ou bannis, dans la peau d'un chien, noir bien sûr ! Mais ils dépendent des vivants, ils ont besoin de leur aide pour trouver enfin le repos éternel, pour gagner ce monde dont on ne devrait pas revenir si l'on est mort comme il faut et après avoir été pleuré, toiletté et enterré selon les rites ancestraux. Comme le souligne Bernard Rio, requiescat in pace n'est pas une formule creuse : c'est un ordre et un souhait. Que chacun reste à sa place ! De cette étude ressort la volonté de l'Église de capter et canaliser, de christianiser et de modifier les rites et les croyances funèbres : la place des morts est au paradis, au purgatoire et en enfer, surtout pas sur terre. Or, les Bretons ont su conserver vivant le souvenir de ces défunts qui erraient sur terre, et c'est bien là que le bas blessa le clergé.

    Aujourd'hui, bien des rites ont disparu car la société moderne a tout fait pour cacher la mort, la rendre anonyme, sur un lit d'hôpital ; la veillée et le repas funèbre, grands moments de sociabilité et moyens de faire son deuil, ne jouent plus le rôle d'antan et les décès prennent un caractère définitif qu'ils ne possédaient pas car les défunts restaient proche des vivants.

    Bref, le livre de Bernard Rio, illustré par de très nombreux exemples et de belles légendes, d'une érudition jamais pesante et d'un style alerte, se lit comme un roman passionnant et apporte une pierre supplémentaire à l'histoire des mentalités.

    Claude Lecouteux

    Professeur émérite à la Sorbonne



    [1] Marie Capdecomme, La vie des morts. Enquête sur les fantômes d'hier et d'aujourd'hui, Paris, Imago, 1997.

    [2]Lutz Röhrich, “Tanz und Tod in der Volksliteratur”, in: Franz Link (éd.), Tanz und Tod in Kunst und Literatur, Berlin, Duncker & Humblot, 1993, pp. 599-634; Rainer Stöckli, Zeitlos tanzt der Tod. Das Fortleben, Fortschreiben, Fortzeichnen der Totentanztradition im 20. Jahrhundert, Konstanz, Universitätsverlag, 1996.

    [3] Holger Muench, Todesmentalitäten des Mittelalters - Mentalitätshistorische Betrachtung am Beispiel der Sepulchralkultur, Grin Verlag für akademische Texte, 2007.

    [4]Émile Jobbé-Duval, Les morts malfaisants. Larves, lémures d’après le droit et les croyances populaires des Romains, rééd. Chambéry, Éditions Exergue, 2000 ; A. Borst, G.v. Graevenitz, A. Patschovsky, K. Stierle (éd.), Tod im Mittelalter, Konstanz, UVK Universitätsverlag, 1993 (Konstanzer Bibliothek, 20); Daniel Schäfer, Texte vom Tod. ZurDarstellung und Sinngebung des Todesim Spätmittelalter. Göppingen, Kümmerle, 1995 (G.A.G. 620); Herman Braet, Werner Verbeke (éd.), Death in the Middle Ages, Louvain, University Press, 1983 (Mediaevalia Lovaniensa I/IX); Irmgard Wilhelm-Schaffer, Gottes Beamter und Spielmann des Teufels. Der Tod in Spätmittelalter und früher Neuzeit, Köln, Weimar, Wien, Böhlau Verlag, 1999;

    [5] Charles Zarembra, Le dialogue de maître Polycarpe avec la mort et autres textes macabres polonais, Paris, Institut d'Etudes slaves, 1997; Johannes von Tepl, Le laboureur de Bohême, dialogue avec la mort, trad. Et commentaire par Florence Bayart, Paris, P.U.P.S., 2013.

    [6] Laurent Guyénot, La mort féérique. Anthropologie du merveilleux, XIIe-XVe siècle, Paris, Gallimard, 2011 (Bibliothèques des Histoires).

    [7] Valérie Gontero, “Le corps paré du défunt. Les rites funéraires dans le Roman d'Eneas”, Senefiance 47 (2001), pp. 139-152.

    [8] Bettina Spoerri, Der Tod als Text und Signum. Der literarische Todesdiskurs in geistlich-didaktischen Texten des Mittelalters, Bern, Berlin, Frankfurt, Peter Lang, 1999.

    [9] La Mort des Grands, Médiévales 31 (1996).

    [10] Arlette Bouloumié (éd.), Les vivants et les morts. Littératures de l'entre-deux-mondes, Paris, Imago, 2008; Karin Ueltschi & Myriam White-Le Goff (éd.), Les entre-mondes: les vivants, les morts, Paris, Klincksiek, 2009.

    [11] Cf. Véronique Campion-Vincent, Jean-Bruno Renard, Légendes urbaines, rumeurs d'aujourd'hui, Paris, Payot, 1992.

    [12] Voir la splendide étude de Karin Ueltschi, La Mesnie Hellequin en conte et en rime. Mémoire mythique et poétique de la recomposition, Paris, Champion, 2008 (Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge, 88).

     

  • Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la Mort

    "Voyage dans l'au-delà : les Bretons et la mort" de Bernard Rio

    préface de Claude Lecouteux, professeur émérite à La Sorbonne

    Parution le 5 septembre aux éditions Ouest-France

    Les Bretons entretiennent des relations singulières avec la Mort et les morts, tel est le constat de cette vaste enquête dans la Bretagne d’aujourd’hui. “L’Ankou” n’est pas seulement un personnage de légende. Ce “conducteur des morts” dans l’au-delà apparaît toujours au 21e siècle comme en attestent plusieurs témoins dignes de foi. A l’ère d’internet, les Bretons perçoivent  de nouveaux intersignes annonçant les décès ou révélant la présence des “Anaon”, les “âmes errantes” qui hantent les chemins et les maisons. Perdues au fond des bois, des  tombes immémoriales continuent de recevoir les offrandes de visiteurs anonymes !

    Quel sens donné à ces phénomènes mystérieux, révélateurs d’un véritable culte des morts et d’une croyance dans l’autre monde ? Qu’est-ce que le marteau bénit ? Pourquoi dépose-t-on le cercueil du défunt à la croisée du transept dans l’église ? A quoi reconnait-on la présence de l’Anaon ? Qui est l’autostoppeuse fantôme ? Où voir la danse macabre ?  Qui sont les passeurs d’âmes ? Autant de questions auxquelles Bernard Rio apporte des réponses  dans ce livre qui renouvelle complètement la célèbre légende de la Mort écrite par Anatole Le Braz au XIXe siècle. “Voyage dans l’au-delà” par Bernard Rio est un livre essentiel pour qui veut décrypter les intersignes et comprendre les rites funèbres de la Bretagne ancienne et moderne.

    Avant-propos

    « Les morts instruisent les vivants » écrit François-René de Chateaubriand dans les « Mémoires d’outre-tombe »[1]. La formule est éloquente, mais est-elle vraie ?

    Sans conteste,  l’homme vivant est préoccupé par la mort. Mais ce « gouvernement des morts », selon Auguste Comte[2] dans le « Catéchisme positiviste » peut ne pas être une fatalité.

    Les racines de ma famille, dans la partie occidentale du pays vannetais, ont de facto contribué à l’intérêt que je porte depuis l’enfance aux « choses » de l’autre-monde. Elles ne m’ont cependant pas emprisonné dans le passé ou dans la nostalgie. Il y a beaucoup à apprendre en écoutant et en étudiant les morts, tandis que nier l’au-delà n’est pas s’en affranchir.

    Aux récits familiaux notamment les « choses » vues et racontées par mon aïeule, ont succédé les lectures notamment « La légende de la Mort » d’Anatole Le Braz[3], puis les rencontres avec les vivants qui voient et passent les âmes des défunts, jusqu’au jour venu où il m’importait de partager ce voyage dans l’au-delà. Cette traversée dans la mémoire et le paysage n’est ni passéiste ni morbide, mais elle est sans fin car les hommes vivent avec les morts. Admettre cela, c’est, je crois, apprendre à se libérer de la peur et du passé, accepter l’éternité. « Les dieux sont des hommes immortels tandis que les hommes sont des dieux mortels »  prétendait le philosophe grec Héraclite[4]. C’est cette part d’humanité des morts et cette part de divinité des hommes que cet ouvrage essaie d’aborder.

    [1] François-René de Chateaubriand, « Mémoires d’outre-tombe », 1849-1850.

    [2] Auguste Comte, « Catéchisme positiviste », 1852.

    [3] Anatole Le Braz, « La légende de la Mort chez les Bretons armoricains » 1893 et 1902.

    [4] Héraclite « Fragments » 62, X, 10,6, édition Hermann Diels, 1903, traduction Marcel Conche, PUF, 1986.

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    Voyage dans l’au-delà

    Les Bretons et la Mort

    Introduction

    I L’annonce de la mort

    Les annonces préliminaires

    À la vie à la mort

    La roue cosmique

    La charrette de la Mort

    La Mort

    La danse macabre

    Cauchemar et cheval de nuit

     II La Mort

    Le départ de l’âme

    La veillée funèbre

    Le cortège funéraire

    De l’église à la tombe

    Absence et substitution

    La lanterne des morts

    Le repos éternel

    Le repas des funérailles

     III Le culte des morts

    Les tombes de mémoire

    Les têtes coupées

    La Toussaint

    L’arbre des Morts

    L’If d’immortalité

     IV L’Au-delà

    Le chemin des âmes

    La barque de nuit

    La baie des Trépassés

    Les âmes des noyés

    Les âmes des défunts

    Les âmes récalcitrantes

    Les âmes errantes et revenantes

    Les lavandières de nuit

    Les chiens de l’enfer

    La chasse sauvage

     Conclusion

  • Note

    Patrimoine 

    Voyage dans l'au-delà, les Bretons et la mort, préface de Claude Lecouteux, éditions Ouest-France, à paraître septembre 2013

    Le cul bénit, éros et le sacré, préface de Michel Maffesoli, éditions Coop Breizh, à paraître octobre 2013

    Au-delà du cercle Arctique, Rando éditions, 2012

    Bretagne secrète de A à Z, éditions Le Rocher 2011

    Encyclopédie de Bretagne, contributions volumes 2 et 3 Anthropologie - Culture - Patrimoine, éditions Dumane 2011

    Le Golfe du Morbihan, couleurs locales Rando éditions  2011

    Mystères de Bretagne, éditions Le Télégramme, mars 2009

    Fontaines de Bretagne, éditions Yoran Embanner, décembre 2008

    Avallon et l’Autre Monde, géographie sacrée dans le monde celtique, éditions Yoran Embanner, 2008

    La Chasse en Bretagne, éditions Palantines, 2008

    Pardons de Bretagne, éditions Le Télégramme, 2007

    La Bretagne des chemins creux, Sud-Ouest, 2005

    Rivières de Bretagne, Palantines, 2005

    Veilleurs de mémoire, éditions Siloë, juin 2004

    L’arbre philosophal, L’Age d’Homme, 2001

    Toutes les chasses du pigeon ramier, éditions Gisserot, 2000

    Toutes les chasses du faisan, éditions Gisserot, 2001

    Le Bestiaire celtique, éditions Gisserot, 1999

    Dictionnaire critique de l’ésotérisme, partie celtique, sous la direction de Jean Servier PUF, 1998

      

    Randonnées 

    Par monts et par vaux, en Rhône-Alpes, Randoéditions  2013

    De la Loire à la Gironde, Dakota éditions, mai 2012

    Balades nature, la biodiversité du Mont saint Michel à l’Adour, Randoéditions  2011

    Les sentiers d’Emilie en Bretagne, Rando éditions, 2009

    Le Morbihan à vélo, éditions Sud-Ouest, 2009

    Sur les chemins de légendes, Bretagne Sud, éditions Glénat, 2008

    La Loire-Atlantique à vélo, éditions Sud-Ouest, 2008

    Rando-étapes en Bretagne, Rando éditions, 2007

    Randonnées sur les chemins des Pardons en Bretagne, Rando éditions, 2007

    Chemins de légendes,Bretagne Nord, éditions Glenat, février 2007

    Les sentiers d’Emilie dans le Morbihan, Rando éditions, 2005

    Les sentiers d’Emilie en Loire-Atlantique, Rando éditions, 2005

    Les sentiers d’Emilie en Ille-et-Vilaine, Rando éditions, 2005

    Sentiers douaniers de Bretagne, éditions Glenat, 2005

     

    Art de vivre

    L’eau et la vie, éditions du Dauphin, 2006

    Le saumon, pêche, élevage et gastronomie, éditions du Pécari Atlantica, 2005

    Le miel et l’abeille, éditions du Dauphin, mai 2004

    Petit traité savant du cidre, éditions Equinoxe, mai 2004

    Le cidre, histoire d’une boisson venue du fond des âges, Coop Breizh, 2003

    Le Cidre, éditions Hatier, 1997

    Terroirs de Bretagne, éditions Ouest-France 1996

     

    Tourisme

    La Ria d’Etel, éditions LeTélégramme, mai 2010

    Le château de Craon, éditions Sud-Ouest, mai 2007

    Le golfe du Morbihan, éditions Gisserot, 1999

    L’île de Groix, éditions Gisserot, 1999

    Vannes et le golfe du Morbihan, éditions Gisserot 1994

  • Bernard Rio par monts et par vaux

    A la découverte de la nature

    Prochaine publication de Bernard Rio et prochain rendez-vous ... le 22 mars au SALON DU RANDONNEUR –cité des congrès 1 quai Charles de Gaulle 69006 LYON - sur le stand de Rando-Editions pour la présentation du guide "Par Monts et par vaux" randonnées naturalistes en Rhône-Alpes et alentours...par Monts-et-Vaux.jpgpar monts et par vaux

    Découvrir des milieux naturels par la promenade, tel est l’objectif de ce guide de randonnée naturaliste.  Observer et comprendre le patrimoine naturel en empruntant des sentiers tracés et commentés par les meilleurs connaisseurs de ces zones naturelles : ceux-là même qui gèrent ces milieux exceptionnels dans un souci de biodiversité. 

    L’originalité de ce guide est de proposer des circuits hors des chemins battus et des itinéraires souvent inédits dans la moyenne montagne, dans les vallées et dans les zones humides (étangs, marais, tourbières). Le premier enseignement de ce guide destiné à tous les amoureux de la nature, qu’ils soient grands ou petits, parents ou enseignants, gestionnaires ou contemplatifs, c’est qu’il n’existe pas deux milieux identiques.  A chaque milieu mais aussi à chaque saison correspondent une flore et une faune singulières. 

    Chaque itinéraire détaillé avec précision est assorti d’une cartographie, d’un guide pratique et d’un lexique. Du col de l’Escrinet (Ardèche) jusqu’à la forêt du Paradis (Jura),  autour des étangs de la Bresse et jusqu’aux bords de la Loire, ce guide sur les territoires de la Fondation pour la Protection des Habitats de la Faune Sauvage en Bourgogne, Franche-Comté et Rhônes-Alpes est une invitation à la balade, par monts et par vaux, du nord au sud, dans  et autour de la vallée du Rhône. Botanique, géologie, ornithologie...  Le promeneur apprend en marchant, sans jamais oublier l’histoire des hommes qui ont fait le paysage et le travail de ceux qui le sauvegardent aujourd’hui pour notre plus grand bonheur… Une initiation à la nature proposée aux curieux !